: L’histoire d’une scénographie
Dans son travail de création scénographique, Charlotte Maurel a dans un premier temps
dégagé du texte les thèmes suivants :
- l’aliénation créée par l’attente et par le sentiment d’être à la merci des autres, ravisseurs ou
co-otages ;
- la mise entre parenthèses de la vie de chaque otage, comme si le temps s’était figé : l’otage
est prisonnier d’une « bulle » de temps, et sortir de cette bulle, c’est peut-être mourir …
- l’absence de pouvoir de décision et l’absence d’information ;
- la nécessité de créer un monde fantastique, condition de la survie.
Sur cette base, l’enjeu scénographique est de proposer un espace qui crée d’emblée chez le
spectateur un sentiment de malaise :
- un lieu où l’on n’est pas en sécurité, où n’importe qui peut entrer et à tout moment, et où
l’otage a conscience d’être épié en permanence ;
- un lieu suspendu dans le temps ;
- un lieu inconfortable qui ne devient jamais familier.
Mais par le choix des matières et des couleurs, le décor doit, notamment grâce à la lumière,
pouvoir basculer dans un univers onirique, plus léger et moins oppressant.
La scénographie s’est donc résolument orientée vers une
option non réaliste : il ne s’agit pas d’une pièce sur l’histoire des otages anglo-saxons au
Liban dans les années 80, mais d’une pièce à portée universelle sur le combat de l’homme
pour sa survie physique et spirituelle dans un contexte d’isolement et de danger de mort. Il ne
s’agit donc de ne concevoir ni un univers carcéral, ni une cave « à otage », ni un appartement
beyrouthin, mais un décor qui dénaturalise l’espace et le temps, qui essaie de déstructurer le
rapport du personnage au réel.
La scénographie met donc l’accent sur la notion d’enfermement, dans un décor ouvert mais
sans issue, aux lignes épurées se resserrant sur les protagonistes comme un piège. Il s’agit ici
de souligner l’isolement des personnages. La présence des ravisseurs, potentiellement
porteuse de mort, est matérialisée par la lumière apparaissant en fond de scène à chaque fois
qu’une porte invisible s’ouvre sur un couloir menant à la pièce des otages : la porte n’est
jamais visible, le ravisseur non plus, sa présence en est d’autant plus mystérieuse et
inquiétante, mettant l’otage dans une situation de surveillance constante.
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.