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Plus loin que loin

mise en scène Sandrine Lanno

: Plus loin que loin

Je veuille leur dire
Ça que nous l’a fait, nous l’a fait
J’ai pas honte de ça que nous l’a fait
Je sais qu’elle pense pas grand bien de notre petite île toute la Angleterre
Mais j’ai pas honte de ça que nous l’a fait
Mill



Plus loin que loin de Zinnie Harris prend racine dans la confrontation de deux mondes, celui du « D’hors » (l’Angleterre des années 60) et celui du « D’dans » (une île perdue au milieu de l’Atlantique, à mi-chemin entre le Cap et la Terre de Feu). À chaque monde sa langue. La langue des îliens est une langue à la fois hybride et érodée, comme si ses habitants l’avaient usée, comme si elle avait été rongée lentement par la mer, tout comme les récifs de leur île. C’est une langue d’oubliés, de survivants, une langue « de l’ici et du maintenant ».
C’est cela d’abord, qui m’a touchée à la lecture de ce texte et puis bien évidemment l’histoire de ces sept familles, matrices de l’île. Les Rodgers, les Repetto, les Hagan, les Glass, les Green, les Lavarello et les Swain, d’origines différentes, vivant sur cette île isolée qui a pour coeur un volcan, respectant la même organisation politique et économique, se référant aux mêmes croyances religieuses.
Alors quand un des leurs qui a quitté l’île une année auparavant revient, il n’est plus tout à fait le même, il n’est plus sédentaire, il a fait le Voyage et est devenu migrant, il a appris la langue du « D’hors ». Et il ne revient pas les mains vides, un homme du « D’hors » l’accompagne avec des projets pour l’île et sa propre organisation économique.
Mais le volcan entre en irruption et les habitants sont obligés de quitter l’île, de traverser l’océan et de s’exiler en Angleterre. Alors la confrontation de ces deux mondes a lieu et fait rejaillir le mystère de cette île enfoui dans les entrailles de chacun de ses habitants, l’innommable. Sorte de bombe à retardement, déflagration violente (bien plus violente que celle du volcan), qui pousse à dire l’indicible. La question se pose : le plus difficile réside-t-il dans le fait de dire ou d’entendre l’indicible ?
Il s’agit bel et bien d’un drame, mais plein de la force de vie de ces personnages, de leur attachement à ce qu’il sont, d’où ils viennent et de l’humour de Mill Lavarello née Swain.

Sandrine Lanno

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