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Pit-Bull

+ d'infos sur le texte de Lionel Spycher
mise en scène Stéphanie Loïk

: LA DANSE DES ANGES

La chorégraphie tient une place centrale dans le spectacle. De sorte que l'impact des mots et l'impact du mouvement ne cessent de se croiser pour produire un enrichissement du sens.


Princesse, Luc, Leïla et Thomas sont des guerriers. Mais des guerriers dérisoires parce qu'ils ne savent ni contre qui ni pour quoi ils se battent. Contre un ennemi ou contre eux-mêmes ? Ou contre l'abandon et l'indifférence, la fuite des jours sans horizon, la difficulté de vivre et de survivre ?


Ces guerriers de papier se construisent de faux paradis pour échapper au purgatoire de leur vie. Faits de drogue, d'armes et de combats de pitbulls (qui peuvent aussi rapporter de l'argent), les paradis qu'ils s'inventent se révèlent à leur tour être de nouveaux purgatoires. Bien qu'ils ne cessent de rechercher l'amour, la tendresse, la reconnaissance, ces laissés-pour-compte ne peuvent s'empêcher de reproduire le seul modèle qui s'offre à eux : un modèle où le prédateur a toujours raison sur la proie, où seul le plus fort est susceptible de se faire entendre, de se faire craindre, faute de se faire respecter.


La cité génère ses mythologies, ses divinités et ses fantasmes. Dans Pit-Bull, il est beaucoup question de Dieu et de héros (un des molosses s'appelle Mohammed Ali), de valeurs chevaleresques et d'identifications hallucinées. Le mysticisme aussi est un refuge des désespérés, une évasion du réel.


Dans la mise en scène de Stéphanie Loïk, des acteurs-danseurs, accompagnés en direct par un musicien, illuminent ce spectacle qui, tout en chorégraphies, raconte, à travers la chute de l'Ange, les rêves et les espoirs de ceux que la société a privés de tout avenir et condamne à mener, tels des pit-bulls enragés, des combats sans issue. S'entrelaçant aux tubes des échafaudages, les corps semblent s'extraire des caves, des soubassements où se tisse la vie clandestine et sauvage, pour s'élever vers les hauteurs où l'on peut contempler les astres. Entre les deux, les murs sont aveugles.


L'esthétique du guerrier valorise le corps jusqu'à l'hypertrophie. Rendre compte de cette esthétique nécessite une gestuelle précise, contrôlée, que les acteurs-danseurs ont su trouver. Et c'est par elle qu'ils construisent l'identité de leur personnage. Cette gestuelle, autant que la langue de Lionel Spycher, nous fait voyager, en allers-retours incessants, de la réalité des banlieues aux fantasmes qu'elle véhicule et qu'elle génère. Grâce à la danse, les guerriers se transfigurent en anges tout comme Hak qui s'est jeté d'une tour dans les nuages en espérant, au terme de son envol, accéder enfin au paradis, le vrai.

Adel Hakim

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