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Petits chocs des civilisations

+ d'infos sur le texte de  Fellag
mise en scène Marianne Epin

: Entretien avec Fellag

Propos recueillis par Pierre Notte

Y a-t-il eu pour vous un « petit choc de civilisation » originel qui vous aura inspiré ce projet ?


L’appel à un « apéro géant saucisson/pinard » lancé en 2010 pour contrer les prières des musulmans dans les rues de La Goutte d’Or. En riposte, des gens de l’autre bord ont proposé d’organiser un «Apéro géant Halal et Thé à la Menthe.» Je m’étais dit à l’époque que ce genre d’événements pourrait conduire à de graves conséquences… comme il pourrait se transformer en une immense farce moyenâgeuse digne de Dario Fo. Vous imaginez les uns et les autres cachés derrière des tranchées et se balançant des merguez et des andouillettes… Ce serait formidable. Ça remettrait les choses à leurs justes proportions. L’idée de Petits chocs des civilisations est venue de là.


Est-ce la peur, les sujets graves qui vous font écrire des spectacles qui appartiennent au registre de la comédie ?


Presque toujours. En tout cas, la peur c’est le noyau qui donne naissance aux idées de départ de mes écritures. J’écris, je joue pour dévier le cours de la peur et de ses alluvions, pour déjouer les intentions tragiques qui se profilent dans les événements. Est-ce paradoxal que la comédie naisse de la peur ? Je ne crois pas. Le rire est une réaction quasiment automatique, j’allais dire chimique, qui agit en amont et aval du drame. En amont, pour exorciser le mal et en aval, pour le bonheur d’y avoir échappé. On a le droit de rire en périphérie de la tragédie mais pas en dedans.


Sur scène, vous faites la cuisine… Pensez-vous que le couscous et ses odeurs peuvent réconcilier les Algériens et les Français ? L’Islam et l’Occident ?


Le couscous est festif. Il y a dedans les ingrédients… pour la paix entre les peuples : convivialité, partage, sensualité, arômes… quel que soit la couleur de leur peau, les légumes de toutes saisons peuvent se fondre dans la masse des autres légumes et s’intégrer sans perdre leur âme. On mange ensemble, on goûte, on s’extasie autour du couscous tout comme on le fait autour d’un cassoulet, d’une paëlla ou d’une bonne bouillabaisse. Ce sont des plats populaires qu’on mange « ensemble ». Si vous voyez quelqu’un manger du couscous tout seul… c’est louche. Vous avez affaire à un loup solitaire. Il faut s’en méfier…


Allez-vous démontrer la supériorité de la civilisation couscous sur la civilisation boeuf mironton ?


J’essaie plutôt de les faire conjoindre. Je vais tenter l’impossible de faire fondre le couscous dans le boeuf mironton et vice-vertu !

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