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Passion selon Marguerite

mise en scène Patrick Verschueren

: Pourquoi ça me parle...

En fait, j'avais déjà lu des pièces de Piemme. "Scandaleuses", "Pièces d'identité"… J'avais aimé. Et puis j'avais tourné la page. Pas mûr. Pas encore. C'est en cherchant un texte qui parle d'économie que je suis retombé sur une autre pièce de lui : "Commerce gourmand".


Et là, c'est le déclic. L'écriture n'est pas seulement belle, elle dégage une énergie mordante, donne corps à tous les personnages sans en léser aucun, nous plonge au coeur de nos contradictions en nous donnant envie de réagir. Et puis autre chose : jamais de catastrophisme, de fin définitive, même la fin appelle un nouveau départ. Aussi noirs, aussi cyniques que soient les personnages (ce ne sont jamais des enfants de choeur !) il y a toujours en eux une rage, une énergie joyeuse qui les (qui nous ?) empêche de camper sur place. Alors je me dis que je dois Rencontrer Piemme. J’apprends qu’il y a une conférence dans laquelle il intervient. J’y vais. Il y a un autre écrivain qui parle. Un homme qui croyait en une cause et qui a été déçu. Un optimiste triste. Je pense à Piemme. Je me dis qu’il est un peu à l’inverse : un pessimiste. Un pessimiste joyeux. Quelqu’un qui n’a pas peur de déchirer le langage avec les dents. De faire sortir la moelle les mots. Alors je l’appelle et je lui demande tous ses textes. Sans exception.


Le deuxième déclic, c'est à la lecture de "Peep Show". Un seul personnage. Une femme : elle est magnifique. Sa rage : communicative. Je pense en souriant que si Faust existait aujourd'hui, ce serait une femme. Cette femme là. J'en parle avec lui. Je lui dis que j'aimerai qu'il m'écrive un Faust. Reposer la question de la morale aujourd'hui. Dans cette période encline au retour des valeurs. Malgré l'énormité du défi, il accepte.


Le troisième déclic viendra plus tard, après la lecture de tous ses écrits. Avec la certitude que je n'ai pas fini d’y découvrir des choses. J'avais monté plusieurs pièces un peu éclatées, baroques et je trouvais que certaines de ses pièces s'en rapprochaient beaucoup. Je n'avais pas encore compris que Piemme mélangeait les genres pour en finir avec le baroque, avec cette permanente mise à plat, ce nivellement que nous vivons quotidiennement.


C'est pour tout cela ( et pour tout ce que je découvrirai encore) que je n’ai pas voulu « mettre en pièce » le théâtre de Piemme, que je me suis refusé au zapping habituel pour creuser plus loin dans son univers (car au fond, ce n'est pas l'enfer, c'est le contraire disait Nietzsche) et me suis décidé à construire avec mon équipe cinq "objets" théâtraux mettant en avant la richesse de son écriture dans des rapports publics extrêmement différents allant de l'intimité de "Peep Show" au théâtre de foire de "Ciel et Simulacre".

Patrick Verschueren

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