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Notre Jeunesse

mise en scène Nathalie Garraud

: Scénographie (dialectique des surfaces)

Dans la pièce, les scènes s’appellent « surfaces ». Comme pour garder à l’esprit que le modèle qui organise aujourd’hui les rapports en passe par là, par une horizontalité qui doit faciliter la circulation instantanée des flux (ceux des corps, des désirs, des informations et des capitaux, qui vont ensemble), faciliter le transit. La surface est celle de l’écran, toujours plus fin, toujours plus plat, toujours plus évanescent, qui de faire voir, tout voir, fait aussi écran. Si bien que le visible et l’invisible sont à la lutte comme jamais. Et que l’opulence ressemble à un désert. La surface, c’est l’abolition apparente de la limite, surface plane où glisser d’une chose à une autre, d’une information à une autre, d’un correspondant à un autre. Sans chocs. Les chocs demeurent pourtant, à la jointure de deux surfaces, ou sous une surface. C’est là qu’il se passe encore des choses.


Scénographiquement, la surface, c’est ce sur quoi quelque chose devient visible : un support sur lequel on voit une image ou un cadre à travers lequel on voit une image. La surface peut-être opaque, remplie d’une image, d’un contenu. La surface peut-être être transparente : elle laisse voir une image, un contenu. Ou plutôt, travaillé par la surface, prisonnier de la surface, le contenu devient image. C’est une vitre, aussi bien qu’un écran, ou la page d’un livre, mais en tous les cas : un cadre.
C’est avec des cadres que nous travaillons notre espace. Ce sont des cadres métalliques de 2m par 2m qui servent à la fois de cadre pour l’action, de support de projection d’images vidéo et de filtres pour d’autres actions. Ils sont organisés selon trois types de rapport entre l’image et l’action, qui suivent le déroulement de la pièce : découpage / fixation / destruction.


1. Faux départs (cartographie / découpage / puzzle)
Le principe de découpage correspond à la première partie de la pièce : six séquences narratives qui se diffractent en différents lieux de la même ville, chacun travaillés par une image qui leur est extérieure (la surface présente ce qu’on voit de l’endroit où se déroule l’action : ce qui est extérieur à l’action, ce qui en est le fond - et non le décor). Comme une cartographie des lieux dont les limites seraient tellement poreuses, mobiles, qu’on pourrait difficilement les saisir. Le principe, c’est le puzzle.
2. 14 Juillet (événement / fixation / angle)
Pour la deuxième partie de la pièce, on fixe le cadre selon un angle précis et on y travaille les lieux-événements qui constituent le coeur de la pièce dans un même espace : un commissariat de banlieue le 14 juillet où se préparent les brigades anti-émeute, le feu d’artifice vu du toit d’une barre d’immeuble par deux adolescents, le bord d’un fleuve d’où surgit le cadavre d’une jeune prostituée. Comme pour fixer le regard, saisir l’événement et mesurer ses effets, en espérant qu’il échappe à la dispersion naturelle, y compris dans le flot des images...
3. Reconstitutions (théâtre / destruction de l’image)
Dans la troisième partie, le déclenchement des émeutes entraine la disparition des cadres et la destruction des images. Sur le plateau vide, où quelques accessoires traînent, les acteurs doivent guider les personnages vers de nouvelles décisions et de nouvelles manières de faire et de penser. Face au public, les espaces restent à créer et à organiser, les images à inventer.

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