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Münchhausen, mensonge collectif

+ d'infos sur le texte de Julien Luneau
mise en scène Elsa Robinne

: Note d'intention

Le Baron est un homme qui raconte avec talent des histoires qui sont évidemment fictives mais qu'il présente comme vraies ; il profère ce mensonge que l’on écoute le sourire aux lèvres et non pas celui qui sert à duper le monde. Ses histoires ne sont pas des fables, c'est-à-dire qu'elles ne contiennent aucun "message" déclaré. Il offre à ses auditeurs le plaisir enfantin des images, il rappelle la fantaisie et la liberté créatrice qu'il y a en chacun, et c'est très bien. On peut donc le voir comme une puissance imaginaire pure qui questionne sans cesse la "réalité" du réel. Ici, le Baron est prisonnier de son manoir comme des pages du livre où ont été recueillis ses récits, le condamnant à ressasser inlassablement les mêmes histoires. Devenu personnage de théâtre, le Baron redevient du même coup homme mortel livré au doute et à la mélancolie. C’est ce frottement entre mort et éternité qui nous a menés aux murs noirs du manoir.


Cette puissance imaginaire du Baron de Münchhausen, nous avons choisi de la traduire à travers une exploration de son for intérieur. Nous nous amusons à imaginer les différentes formes de langages et de caractères qui le constituent. Six personnages nous livrent, par leurs identités propres, les di fférents visages possibles du Baron. Son caractère particulier nous apparait complexe et contradictoire, nous l’avons imaginé dans sa naïveté enfantine, ses excès poétiques et passionnés, ses pulsions charnelles et cruelles, sa résistance muette, sa bienveillance réconfortante et ses travers despotiques. C’est plongé dans cette complexité que le Baron trouve une forme harmonieuse de son être pour ne plus être un personnage de papier, sans relief ni liberté et renaitre, plus fort, de ce combat intime. Notre homme si imbu de lui-même, obsédé par sa propre image, ridicule et sublime, se voit enfin prêt à se frotter aux autres.


Notre ambition est de faire ressentir au spectateur ce qui travaille en nous, au grand jour ou en secret, ce qui s’affronte, ce qui se frotte, ce qui étincelle : dans la « tête » du Baron, dans le jeu sur la scène, dans le rapport au public, dans le groupe humain que constitue une troupe, où se nichent les mensonges, les illusions, l’imagination factice, la mauvaise foi ? Mais aussi le désir, la liberté, la poésie, l’imagination créatrice ?

Elsa Robinne

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