Jean-Louis Fournier, y a-t-il eu pour vous un élément qui a déterminé la nécessité d’aborder cette question avec son fameux dernier cheveu noir... le vieillissement ?

Il y a eu plusieurs déclencheurs : mon miroir qui me fait de moins en moins de cadeau, un reportage de la télévision où je me suis vu, la tête de mes anciens camarades de classe, la tête de mes anciennes petites amies, la SNCF qui m’a proposé une carte Senior, mon coiffeur qui m’a proposé une teinture, la rubrique nécrologique du journal.

Ne vous adressez-vous qu’aux vieux ? Et y a-t-il des différences entre les vieux ? Des petits vieux ? Des grands vieux, des jeunes vieux ?

Je m’adresse à tous, ceux qui sont vieux, tous ceux qui vont le devenir, aux vieux beaux, aux vieux moches, à ceux qui se croient encore jeunes, à ceux qui croient toujours être jeunes, et jamais vieux, aux optimistes qui pensent mourir jeunes, aux anciens jeunes.

Vous êtes moins vieux que la plupart des vieux, ne craignez-vous pas qu’ils ne vous prennent pour un jeune con ?

Je serais ravi d’être pris pour un jeune con par les vieux cons. Pour tout vous avouer, je déteste les vieux, les jeunes aussi d’ailleurs.

Vous avez rassemblé des textes, des fables courtes... Mais quelles seront les règles du jeu ? Savez-vous ce que vous allez faire ?

Ce que je vais faire : essayer de faire rire de ce qui ne l’est pas, et pourquoi pas émouvoir mes petits camarades humains, qui sont embarqués sur le même bateau, et qui font la croisière entre la jeunesse et la vieillesse . Les rassurer en leur disant que la vieillesse n’est pas un naufrage, c’est une croisière où on peut s’amuser. Notre époque fait du jeunisme, je voudrais inventer le « vieillisme ». Qu’on est honte d’être jeune et fier d’être vieux. Qu’on se vieillisse par coquetterie.

Qu’est-ce que je vais faire sur scène ? Je n’en sais rien. C’est une surprise.

Vous permettez de rire avec ce qu’il y a de moins drôle... Y a t-il un sujet qui ne vous amusera jamais ?

La méchanceté ne me fera jamais rire.