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Mon coeur caresse un espoir

Valérie Antonijevich ( Conception )


: L'Individu face à lui-même

Une boite noire bordée à cour et à jardin par des portants métalliques qui supportent des vêtements, des objets emballés et strictement étiquetés comme des pièces à conviction... traces sensibles d’existences disparues. L’espace est resserré jusqu’à l’étouffement, l’étranglement.


Les lumières renforcent l’écrasement de ce temps qui ne passe pas, l’absence d’horizon, d’échappatoire. L’exigüité de la scène et la pesanteur des lumières révèlent une chambre des secrets douloureusement habitée par des figures humaines fragiles, isolées, vacillantes, lourdes de tragiques incertitudes, accablées, résignées, révoltées.


Dans le noir, une voix off issue d’extraits de « Déposition » de Léon Werth guide le spectateur au fil des années d’occupation. Sa réflexion se heurte à une époque qui échappe à la raison. Sur scène, les comédiens dépècent les portants dont il ne restera bientôt plus que le squelette pour faire émerger des « gens », figures qui, au fil de scènes quotidiennes, se débattent dans le chaos et la confusion et rappellent combien il est difficile de ne pas brader son humanité.


La parole est au centre : objet de combat, de pensée, de propagande, de résistance... parole qui doit se taire et se terrer, dangereuse si entendue mais si nécessaire à la survie, parole qui se dit trop, victorieuse et arrogante, dévastatrice de haine, parole triviale empêtrée de lieux communs, de propagation d’idées toutes faites, parole de réconfort, de solidarité, de soutien.


Les corps des acteurs ont été travaillés pour dégager l’essentiel de chaque figure, comme si, dans cette extrémité, il ne leur restait plus de place pour bouger en liberté, en insouciance. Ils sont ramenés à une économie où chaque geste est signifiant. Souvent en déséquilibre, en arrêt, en suspension, les mouvements et les déplacements augmentent l’impression d’enlisement, d’incertitude, de dérisoire.


La violence physique n’est pas montrée, à revers de la surenchère d’images de notre époque. La violence est traitée dans un renvoi incessant entre l’individu et le monde extérieur. L’extérieur oppressant, la menace et le danger imminents sont suggérés par la lumière et le son qui est détourné et agencé afin de créer des sensations organiques difficilement définissables chez le spectateur. Les corps des acteurs se crispent, toujours au bord de l’explosion attendue, espérée comme une libération mais lorsque elle arrive, "ça" n’explose pas, "ça" ne se libère pas.

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