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Mokhor

+ d'infos sur le texte de René Zahnd
mise en scène Philippe Morand

: Présentation

CE QUI NE M’APPARTIENT PAS



!!!René Zahnd, décembre 2005


Entre le désespoir le plus radical et l’optimisme béat se trouve un endroit où vivre. Mokhor vient de cet endroit peuplé de contrastes, pour ne pas dire de contradictions. Tout part de mon expérience personnelle, à la fois intérieure et extérieure : le dehors et le dedans chers à Nicolas Bouvier. À l’instar de beaucoup d’auteurs, lorsque je commence un texte, je n’établis pas de plan. Il y a un lieu, une situation. Ensuite il est possible, mais jamais certain, qu’une fable se déploie, que des personnages prennent le pouvoir.
Dans Mokhor, en contrepoint à la phrase plutôt ample, à l’univers épique et lyrique de la légende sont venus se greffer les digressions du personnage (par exemple sur son sentiment de morcellement) et de brefs dialogues qui relatent des rencontres avec des figures errantes (un reporter, un militant, un chien de guerre, un enfant, une vieille femme…), toutes préoccupées d’abord par leur propre destin.
Une fois que le texte circule, mis à l’épreuve des lecteurs, certaines questions surgissent, soulevées par le regard des autres. Elles nous font sortir de notre réserve, nous obligent à formuler des points de vue aux antipodes des réflexions nourries pendant l’écriture. Pour cela, le théâtre est prodigieusement inconfortable et donc stimulant.
Oui, il y a plusieurs registres qui se répondent dans Mokhor.
La colonne vertébrale est bien sûr formée par la fable. La chair peut-être par la situation de celui qui parle : l’acteur, le conteur, le diseur, le survivant (avec le jeu entre le mot et le corps pour donner son nom à cette ville imaginaire). Le reste du squelette sans doute par la succession de rencontres qui créent le grand écart temporel et référentiel entre la légende et des aspects du monde contemporain – ce qu’on ressent dans certains lieux, les sdf autour du Dôme de Milan, les graffitis sur les peintures préhistoriques, les gamins qui jouent au foot devant une vieille mosquée de Tombouctou, autrefois université prestigieuse : la liste est sans fin, partout la vie continue, traînant derrière elle son cortège d’histoires.
Dans Mokhor, il n’y a aucune volonté de dénoncer quoi que ce soit, de critiquer ou d’avertir. Il y a juste la perception d’une réalité, mon désir de découvrir, milles petites poussières glanées au cours de voyages, de lectures et de rêveries, puis la tentative de donner consistance à ce magma évanescent.
Le reste ne m’appartient pas.




Presque toujours dans l’œuvre de René Zahnd, c’est le lieu qui fonde la dramaturgie. De là, la parole pulse comme le sang dans les artères. Cet endroit d’où tout naît, c’est l’enfermement (volontaire ou non), la claustration, la réclusion, l’isolement, et par naturelle conséquence, un rapport conflictuel au monde.
De tant et tant de solitudes naissent des dialogues tranchants, des rapports à fleur de peau. La mémoire et le présent se confrontent, sans maniérisme, sans concession, sans condescendance aucune.
Dans cet infernal labyrinthe résonne heureusement le tambour de la parole.
De cette violence intérieure émerge alors une troublante humanité.


Philippe Morand

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