Petite princesse de la nuit, Maryse tous les soirs avant minuit conjure les Douze coups de la nuit ; De peur de voir son Mac Laren se transformer en gueux. Et sa Ford Escort en citrouille.
Alors elle parle, elle tchatche, disant tout d’elle. Quelques joies et plus souvent, quelques douleurs enfouies et des rêves surtout, beaucoup d’espoirs inventés, qu’enveloppe ce voile léger de la différence qui occupe tant son médecin/confident.
On la verra perdue mais sans peur dans le grand espace désert de la ville… Minuit n’a pas encore sonné et petite Maryse nous raconte et sourit beaucoup ; les larmes ne sont pas offertes mais dos tourné elle fait une pirouette et revient à nous clignant de l’œil. Œillade élégante d’une princesse de la nuit qui rêve sous le réverbère ou derrière sa fenêtre et confond le bruit des pas trainant avec le martèlement des sabots ferrés des chevaux.
Toutes les femmes en elles se confondent, tous les rêves de petite fille aussi, imaginés par une enfance trop peuplée de solitude et de cris d’adultes.
Elle l’attend son beau prince pour lui caresser le cuir chevelu et tout cet amour qu’elle va lui donner, même après les Douze coups de la nuit : ça ira. Ça ira !

Guy Delamotte