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Marat-Sade

+ d'infos sur le texte de Peter Weiss traduit par Jean Baudrillard
mise en scène Eric Sanjou

: Note d’intention

Avec ma compagnie, l'Arène Théâtre, j'ai toujours voulu monter des spectacles avec des équipes importantes de comédiens comme depuis 2002 avec Amphytrion de Kleist, Les Fiancés de Loches de Feydeau, Une chanson de Roland d'après le manuscrit d'Oxford et en 2007 La Nuit des Rois de Shakespeare. Il est pour moi essentiel pour nourrir mon travail de réunir différents artistes interprètes d'horizons divers et de belles fidélités se sont créées. Malgré les difficultés actuelles et le réduction des coûts artistiques par les structures de diffusion, je crois que le rôle des compagnies indépendantes subventionnées est toujours d'avoir de vrais choix artistiques. Tous les deux ans environ l'Arène Théâtre propose donc des créations d'envergure alternées avec des formes plus "légères" ou jeune public. Après le travail d'équipe effectué sur La Nuit des Rois, c'est tout naturellement que je souhaite réunir la même famille d'interprètes pour ce matériau dense qu'est Marat-Sade de Peter Weiss.


Le titre originel de Marat-Sade, La persécution et l'assassinat de Jean-Paul Marat représentés par le groupe théâtral de l'hospice de Charenton sous la direction de Monsieur de Sade, ouvre les portes de la mise en pièce de cette anti-reconstitution historique…
Comment inventer les règles d'une représentation donnée par des êtres internés "pour comportement social inadmissible"? Pas fous pour autant, non, mais politiquement incorrects, inadaptés, pas dans le moule, hors des clous, hors du jeu imposé par les persécuteurs de la différence, de la poésie.
Marat-Sade sera un spectacle de combat, un spectacle de l'inconfort où les spectateurs jetés dans l'arène de notre hospice de Charenton auront à se confronter à l'anarchie de la représentation. Il faut commencer par fabriquer des figures, non pas les figures historiques mises en lumière dans la pièce, mais les figures de ces êtres coupables de n'être pas capables d'acceptation. Une belle petite troupe d'Utopistes jouant à jouer pour survivre, toujours prêts au chaos.
Ce que Marat-Sade dénonce avant tout c'est la violence du pouvoir, de tout pouvoir. Même si au centre du débat poétique, la confrontation entre "individualisme" et "collectivisme" semble dominer, les questions renvoyées aux spectateurs dans cette énorme machine de théâtre renvoient sans cesse à la représentation et à la force de l'acte théâtral, de l'art; de la beauté face aux ravages des pouvoirs tyranniques.
Et tout revient en écho, un parcours, une logique interne à nos créations. De La vie est un songe à La Nuit des Rois, en passant bien sûr par Les Rois de Cortazar et par Une chanson de Roland… Il faudrait tout citer, en citant l'Arène. Ils rêvent, utopistes lucides, combattants fous dans la nuit. Que pouvons-nous éclaircir en montant Marat-Sade, si ce n'est nous-mêmes. Et en tentant encore de nous éclairer, jeter quelques petites lumières en fabriquant un spectacle chaos, un spectacle de jouissance désorganisé, un spectacle dont l'Énergie et la Liberté seraient l'essence.


Pour Marat-Sade : retour à l'arène, à une scénographie qui mélange les espaces de jeu et les spectateurs. Il faut créer concrètement un espace chaos, s'éloigner le plus possible du confort bourgeois de la représentation frontale. Le jeu doit pouvoir surgir de là où on ne l'attend pas.
Nous mélangerons spectateurs fictifs de la représentation donnée par "le groupe théâtral de l'Hospice de Charenton" et les spectateurs réels de la représentation de Marat-Sade par l'Arène Théâtre.
Du Théâtre forain donc, avec petit orphéon en scène, "mystère" et défilé de mode "historiques et carnavalesques" : grand guignol pour farandole de décapités…
"Tout ce qui nous faisait vivre ne tient plus, nous sommes tous fous, désespérés et malades".
Tiens, Artaud qui s'invite à la danse !
Si nous n'étions pas profondément désespérés nous ne pourrions continuer à vivre et à fabriquer ce que Théâtre je nomme.
Alors nous allons brûler, avec les comédiens, les professionnels et les amateurs, les comédiens donc et les musiciens, brûler encore un feu d'intense joie aux corps, brûler tout notre théâtre, notre mémoire pour apparaître, naître et renaître encore à la certitude de notre liberté violente.

Éric Sanjou

octobre 2008

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