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Machine

mise en scène Virginie Barreteau

: Notes d’écriture

Olivier et moi, nous nous sommes rencontrés au conservatoire de Bordeaux, il y a maintenant un peu plus de dix ans. Depuis, Olivier a joué, chanté, composé, j’ai pour ma part également joué, écrit et mis en scène.
Cela fait un brin de temps que nous cherchons à travailler ensemble, aussi cette résidence à Eclats a permis de nous réunir autour d’un projet commun, créé de toute pièce.
Voici un piano couché, sans son emballage, cordes et bois à nus, et voici un homme : Olivier Galinou, un grand et long pianiste, comédien et chanteur.
Qu’allions-nous faire de cela ?
Nous avons travaillé durant quelques jours à Eclats, pour explorer cet instrument nouveau, découvrir ses possibilités de sons, de mélodies, de résonnances, de jeux. Nous avons échangé beaucoup d’idées, d’images, de textes, de musiques, puis nous nous sommes focalisés sur l’histoire de ce jeune Japonais qui, ayant épousé Néné Anégasaki, une héroïne de jeu, annonçait le premier mariage virtuel au monde.
Nous voulions travailler sur cette histoire incroyable, qui résonnait comme un conte de fée contemporain.
Cela nous parlait d’aliénation, de solitude, d’amours virtuels.
J’ai alors commencé à écrire, à envoyer de la matière texte à Olivier, puis au fur et à mesure d’essais et d’échanges, notre récit s’est dépouillé de toutes références à cette histoire vraie pour n’en garder que la substance : la solitude, le travail, l’être rêvé.
C’est devenu une sorte de chant, de poème qui avance par boucles, et qui éclot grâce à l’histoire d’amour.
J’ai réécouté Glass, Aperghis, relu Jon Fosse.
Je cherchais une forme qui convienne au propos, une écriture qui soit musicale, rythmique.


Il s’agit donc d’une partition.
Nous suivons la parole de l’homme et celle du patron.
La parole du patron vient s’insérer dans la partition de l’homme.
L’homme amoureux va perdre la main au travail, ralentir le rythme, et dégringoler dans la hiérarchie.


Nous voici pris dans un kaléidoscope, ainsi les jours et les nuits de l’homme se ressemblent, et se succèdent dans une course folle. Une machine, une machinerie se met en place.


Il y a une économie de mots qui, par le mouvement et la répétition, renvoie à une aliénation au travail, dans un monde clos, serré.
Bientôt, on ne sait plus si l’homme dort parce que le jour s’en va ou si le jour s’en va parce que l’homme dort, si c’est l’homme qui travaille à la machine ou si c’est la machine qui travaille l’homme…


Et comme il y a peu de mots, j’ai essayé d’exploiter leurs différents sens, de les regarder de tous côtés, de les ouvrir pour voir.


Enfin, avec l’amour, de nouveaux mots arrivent, des mots et des nouvelles sonorités. Avec ces mots nouveaux, c’est un monde qui s’ouvre dans l’homme.
Enfin on respire un peu plus.
Enfin l’horizon semble se lever.
Pour le meilleur et pour le pire !


Le piano est le théâtre même de notre histoire : la scène, en tant qu’espace (un piano couché de 1m50 / 2 m).
L’instrument-scène étant très sensible aux vibrations, chaque mouvement, chaque pas, chaque corde frôlée produit du son.


C’est donc le corps entier qui joue de ce piano.
On peut également parler d’une chorégraphie, d’une performance, d’une épreuve sportive pour le comédien musicien.

Virginie Barreteau

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