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Ma Vie de détective

mise en scène Elsa Royer

: Des mots et délices

Malin Axelsson a réussi un véritable tour de force avec ce texte intelligent, expressif, touchant et tellement plaisant à écouter. Tous les thèmes universels de la petite enfance y sont abordés : l’univers privé et magique du tout-petit, comment grandir et couper le cordon (symbolisé par le baby-phone que manie le détective comme un talkie-walkie), la communication avec les adultes, le jeu et les grandes frayeurs de l’enfance…
Le texte est aussi fort pour un public adulte que pour un public enfant, et s’il trouve un fort écho avec ce dernier, c’est que l’apprentissage du langage est pour certains très récent, et donc encore vif à leur mémoire.


Dans un espace de 3 m sur 3, le monde entier d’un enfant de trois ans, j’ai chercher à recréer les angoisses et les réconforts d’un tout-petit dont le monde intérieur nous est étrange, car rendu inaccessible par l’absence de langage : un tunnel de peluches aux yeux omniprésents, des poupées immenses aux visages identiques à celui de Dada, des cachettes disproportionnées, dans une maison de poupées, sous une étagère, parmi les trolls illustrés… Et une boîte à poupées géante (à l’échelle d’un petit !) dans laquelle une musicienne joue une musique électronique et organique rythmant l’univers sans parole de l’enfant. Cet univers dans les tons marron et passés, car matriciel, pourrait effrayer un adulte, et en effet le baby-sitter ne s’y sent pas à l’aise et y jure avec sa tenue éclatante de couleurs. Il lui faut braver les monstres sous le lit ! Et pour ce faire, il doit mettre des mots sur cet univers qui potentiellement en contient partout : sur la boîte de la musicienne, sur un livre géant qui sert d’assise, dans l’univers de contes représenté par les trolls peints, les poupées parlantes… Tout est en devenir, et tout devient sous nos yeux !


En tant que metteur en scène, construire ce monde et en explorer les facettes est un réel bonheur. Tout est libre, foisonnant, complexe et ludique comme l’enfance. Le fait que je parle plusieurs langues (français, anglais, russe, un peu d’allemand, de finnois, et maintenant de suédois !) et que j’en aie inventé deux étant adolescente, m’a permis de jouer sur les sonorités avec délice ! La musique sur scène et en direct, me permet de donner une dimension supplémentaire à ces sonorités, et de faire passer le langage par le corps également en utilisant la danse. Et quoi de plus à-propos que de faire prononcer, dans le rôle de Dada, ses premiers mots en suédois à un français… et inversement ses premiers mots de français à une suédoise ? Les premiers mots de l’enfant en acquièrent une puissance et une étrangeté supplémentaires !

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