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Lignes de faille (Intégrale)

mise en scène Catherine Marnas

: Quatre grains de beauté

L’idée de construction de Lignes de Faille est singulière et passionnante : quatre chapitres pour quatre portraits d’enfants, remontant la ligne d’un arbre généalogique, des membres d’une même famille l’année de leurs 6 ans. De fils (ou filles) en pères (ou mères), quatre enfants se racontent et nous décrivent leur entourage. Deux petits garçons et deux petites filles qui, de drame en drame, vont nous faire traverser à rebours 60 ans d’histoire familiale et mondiale. Suivant le fil d’un naevus[1] qui se transmet de génération en génération, le récit nous conduit en Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, où Kristina, l’arrière grand-mère de Sol, nous délivre la clé de voûte, le lourd secret de famille : son déchirement d’enfant volée des “lebensborn”[2] nazis.


" À la première lecture de ce roman, je n’ai pas pensé immédiatement à sa potentialité théâtrale. Je l’ai beaucoup aimé tout simplement. Il m’a accompagnée, faisant son chemin dans ma tête, jusqu’à cette évidence du désir de le partager, de donner chair et vie à ces personnages de papier. Adapter un roman est une tâche délicate, il faut veiller à ne rien “assécher”. Il ne s’agira pas de réduire le roman à une forme seulement dialoguée mais d’y glisser aussi du récit à la 3ème personne.


Plus je rêve à ce projet et plus sa richesse théâtrale me devient évidente : sa structure de remontée dans le temps, de l’époque contemporaine à la dernière guerre mondiale, son sujet “transgénérationnel” pour employer un terme à la mode ; qui peut se raconter plus simplement par « comment les blessures secrètes et intimes du passé marquent à notre insu nos existences actuelles ». A partir de ce petit garçon américain d’aujourd’hui insupportable, islamophobe et anorexique, nous traversons les générations, les instantanés de vie, comme des photos dans un album de famille pour arriver à la faille initiale. Le fil se remonte avec une inexorable et improbable cohérence (aussi improbable et inexorable que nos existences ?). "
Catherine Marnas

Notes

[1] Le nævus, également appelé point ou grain de beauté, est une tache de forme généralement circulaire ou ovale, située sur le dessus de la peau.

[2] Entre 1940 et 1945, l’Allemagne vola plus de 200 000 enfants en Pologne, en Ukraine et dans les pays Baltes. Avant d’être adoptés, les plus petits, transitèrent par les centres Lebensborn (“fontaines de vie” - les fameux “haras” des nazis), des institutions créées pour le développement de la race pure aryenne. Bien qu’au départ il s’agisse de foyers et de crèches, la SS transforma rapidement ces centres en lieux de rencontre, afin de permettre à des femmes allemandes racialement pures de concevoir des enfants avec des officiers SS. Les femmes accouchaient ensuite dans le plus grand secret et le Reich recueillait les nouveaux-nés avant de les placer dans des familles allemandes.

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