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: Le mot de la metteure en scène

Deux textes sont à la base du spectacle. Une trilogie de Martin Crimp (Ciel bleu ciel, Face au mur et Tout va mieux) et Prédiction de Peter Handke. Pour résumer l’idée de cette réunion de textes, je dirais que l’un, le Crimp, me sert de couplet tandis que l’autre, le Handke, serait plutôt le refrain. Il y a donc deux niveaux de narration spécifique.


Je voulais prolonger le travail de fond et de forme amorcé au travers de mon premier spectacle, Les amantes.


Sur le fond je voulais continuer mon observation de la nature humaine et de son mécanisme profond. Ce qui m’intéresse, ce sont les fonctionnements plus que les résultantes. Mais je voulais élargir cette réflexion. Dans mon premier spectacle il s’agit d’observer un groupe sociétal réduit, la famille et le couple, et de ces rapports au pouvoir. Ici, il sera question de la notion de société qui appelle à l’idée du groupe de façon plus étendue et plus générale. Il s’agit donc de continuer à explorer la dynamique humaine dans le groupe.


Et en ce qui concerne la forme, je voulais pousser plus loin mon travail sur l’oralité. C'est-àdire que pour moi le son peut faire sens à lui seul ; parfois il fait même plus sens que le fond. Ce qui m’intéresse encore ici c’est de montrer le comment et pas le pourquoi. De jouer des questions du langage, du discours, de l’oralité et du son qui fait sens.


S’il devait y avoir une étape suivante à mon parcours, un troisième spectacle, il se pourrait qu’il soit muet, qu’il s’agisse d’un spectacle totalement sans le son.


Pourquoi Les poissons rouges ?


Je veux parler de nous comme d’un poisson rouge qui a une mémoire trop courte pour s’effrayer de sa propre condition et de sa condamnation à reproduire son Histoire, de la faculté qu’a notre espèce de tourner en rond dans son bocal et de s’émerveiller de la perpétuelle redécouverte de petits cailloux au fond de l’eau.


J’ai la sensation qu’aujourd’hui, en 2011, on trouve les mêmes réponses aux mêmes problèmes. Il y a par exemple des systèmes de pensée qui se développent et qui – je trouve – sont assez monstrueux et effrayants, et qui ressemble à s'y méprendre à ce qui se pensait au début des années trente. Cela se fait comme s’il s’agissait de pensées qui viennent de naître, qui surgissent, alors que l’Histoire dément cette prétendue originalité.


Cela me donne d’étranges impressions de déjà vu. C’est bien entendu une vue de l’esprit puisque je n’ai pas connu les années trente. Mais je trouve cela intrigant et je me suis beaucoup interrogée là-dessus. Je dévore des livres entiers d’anthropologie pour constater que l’être humain fait et refait les mêmes choses et qu’il ne peut pas s’en rendre vraiment compte parce que les événements auxquels il pourrait se référer se sont déroulés un peu trop tôt. À une époque que sa mémoire ne peut pas atteindre. Cela pose une question fondamentale sur la mémoire de groupe et sur le côté cyclique de notre comportement d’espèce. Je veux parler de cela, de ces cycles, de ces structures de comportement.

Virginie Strub

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