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Les Paradis aveugles

+ d'infos sur le texte de Thu Huong Duong traduit par Huy Dong Phan
mise en scène Gilles Dao

: Présentation

Aux États-Unis, elle serait Rosa Parks et refuserait de se lever dans le bus pour céder sa place. À Rangoon, elle aurait la dignité d’Aung San Suu Kyi, assignée à résidence par la junte militaire birmane. Elle serait folle de mai à Buenos Aires. On l’imagine Rigoberta Manchu au Guatemala ou Winnie Mandela en Afrique du Sud avant qu’elle ne soit emportée par la fièvre des colères... Son nom rime avec celui d’Helena Bonner ou de Nadine Gordimer, en d’autres lieux ; en d’autres temps, avec ceux de Louise Michel ou de Flora Tristan... mais Duong Thu Huong est avant tout elle-même, dissidente et rebelle. Une de ces femmes qui permettent au monde d’être moins laid, de celles qui relèvent la tête et le corps et refusent de se soumettre aux diktats de toute nature. Une de ces entêtées qui ont choisi l’intransigeance et le refus des compromis, contre vents et régimes.


C’est dans le Vietnam dévasté par des années de guerres et d’oppressions qu’elle s’insurge et fait front, dissimulant sous le masque du sourire et des mots ses douleurs intimes. Passionaria sans excès ni vindictes mais avec la force des convictions, elle a l’audace d’une insubordination majuscule. Livre après livre, elle construit une oeuvre irriguée des élans de la poésie et débarrassée du militantisme pesant et empesé.


Ses paradis aveugles sont ceux de son héroïne partie pour l’URSS rejoindre son oncle et revoyant son passé, tel qu’elle a pu le vivre, tel qu’il lui été rapporté, tel qu’il lui a été volé. Elle retrouve la figure de la mère, les gestes d’antan, les odeurs de l’enfance, les dérisoires mesquineries des grands et petits tyranneaux de province et de la capitale, les faiblesses des puissants, et les forces obscures et supérieures de l’oppression balayant tout sur leur passage...


Égarés entre les étreintes d’hier et les fièvres d’aujourd’hui, ses personnages voient resurgir leurs avants. Ils souffrent et s’offrent aux lendemains dans un même déchirement, emportés par une histoire personnelle et collective dont ils ne parviennent pas à maîtriser les outrances, éperdus dans le désespoir de leurs utopies inabouties, de leurs amours impossibles, ratées ou détruites.


Duong Thu Huong sonde les coeurs et les folies d’un Vietnam meurtri où ses personnages s’élèvent, s’indignent, ou s’abandonnent à leur destin, de guerre lasse, quand ils ne sombrent pas dans les dérives du cynisme, de la corruption et les remugles du pouvoir. Elle creuse au coeur de l’interdit et de la soumission, dans les méandres des amours, tour à tour proscrites ou prescrites, là où les êtres ne s’appartiennent plus tout à fait au nom de la raison d’état qui est rarement celle du coeur.


Au-delà des illusions, un parfum d’automne, un écrivain debout dans la terre des oublis. Des paradis aveugles comme les enfers voyants d’une libre insoumise.


Bernard Magnier

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