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Les Murs Sauvages

+ d'infos sur le texte de Gilles Sampieri
mise en scène Gilles Sampieri

: Propos

Les murs sauvages évoquent tous ces vieux stades, ces équipements de banlieue dans lesquels on pratique le sport avec peu de moyens, et où l’on se transmet, d’une génération à l’autre, des valeurs, des passions. La pièce raconte le choc d’une rencontre entre un jeune joueur et son entraî- neur, deux générations reléguées à la périphérie, dans ces installations où coexistent le passé des banlieues avec les nouvelles constructions. Entre cet ancien sportif de haut niveau et ce jeune en errance : il ne reste que ce vieux stade. Des trajets de vie en situation de déséquilibre, et sous ces efforts pour survivre, tout avance vers un point de rupture : celui de leurs origines cachées.


LIEUX INTERMÉDIAIRES POUR HABITANTS PÉRIPHÉRIQUES


Les murs sauvages sont les vieux stades, vestiaires de banlieues, espaces de natures sauvages préservées, endroits perdus... Équipements obsolètes, mais toujours fréquen- tés car toujours ouverts, comme des refuges restés indomptables. Territoires non for- matés ou abandonnés, endroits perfectibles et pauvres où l’on vise de partir ailleurs, où s’expriment nos fantasmes de réussite. Petits espaces à l’origine de grandes passions. Lieux authentiques toujours ouverts, parfois déserts... Dangereux. Et en danger car sans moyen face aux promoteurs.


L’action se déroule dans le vestiaire de ce vieux stade. Un espace caché, un carrefour, un lieu périphérique entre le stade d’entraînement, les bureaux municipaux et la rue qui mène à la cité. Les deux protagonistes se retrouvent régulièrement dans ce ves- tiaire pour organiser le travail, faire le point sur leurs entraînements et discuter de leurs carrières respectives. Ce lieu va devenir un espace d’échange privilégié entre ces deux hommes, ces deux générations. Ce petit espace est comme un refuge à la lisière de plus grands espaces, dans une mise en abîme visuelle qui laisse entrevoir l’enver- gure du stade, les immeubles de la cité et au loin la capitale, comme une promesse de réussite pour les deux sportifs.


PARCOURS INITIATIQUE SUR L’IDENTITÉ
POÉTIQUE DE L’ORIGINE


La pièce aborde les répercussions de l’immigration et la trans- mission de nos origines à travers l’évocation du Bumidom (Bureau pour le développement des migrations d’outre-mer). De la notion d’appartenance à une terre dans la construction des identités, pour s’intégrer à leur milieu professionnel, la mémoire des personnages a subi des altérations et au fil de l’action ils se contredisent, masquent leurs origines, ou se dénigrent à leur insu. Le jeune par naïveté, l’entraîneur par désillusions. Ce passé aux origines inattendues et partagées, se dévoile cycliquement au cours des entraînements. Ils traversent le chemin vers leurs racines inconnues, confrontés aux obstacles et aux pièges de la marchandisation du sport. L’origine de soi et la filiation à découvrir deviennent dans la pièce un cheminement parallèle à la compétition. Celle-ci révèle derrière le masque le manque de reconnaissance et la souffrance qui anime et sous-tend leur passion du sport. Leur compétition qui prend aussi racine dans ce jeu mystérieux entre la force des illusions et la construction des ghettos identitaires, devra passer également par un dépouillement des apparences.


LE SPORT COMME EXUTOIRE


Parallèlement à une intrigue initiatique sur l’identité, le sport de compétition se pose pour les personnages comme ultime exutoire et refuge promis à leur ascension sociale.


Chacun des personnages transporte son projet de réussite, ses échecs, ses doutes et son positivisme.
Ils expriment et défendent chacun une vision de la banlieue. Les idées reçues y sont soulevées par ces deux histoires de famille, deux générations différentes, qui se dévoilent aussi à travers l’action de rater ou de réussir pour sa communauté.
Société de la réussite, représentation communautaire, identité secrète, réussite solitaire : la conjuration de l’échec, et ses obstacles ou mirages, construisent la progression tantôt dramatique ou comique de la pièce.


En évoquant dans leurs dialogues la marchandisation du sport, le formatage des jeunes joueurs, l’écart véritable et les passerelles entre sportifs amateurs et professionnels, les deux personnages questionnent la place des jeunes et la responsabilité des anciens dans la construction des nouveaux schémas de réussite.


LA TRANSMISSION


À travers la thématique du jeu et du sport, la pièce ouvre en creux une autre perspective : la transmission devenue indispensable pour celui qui transmet. À travers la présence et la disponibilité, presque comme une errance subie, d’un entraîneur qui décroche professionnellement ; la transmission intervient comme une rela- tion salutaire qui harmonise les déceptions d’une jeunesse aban- donnée, et agit comme un révélateur pour l’entraîneur.


La force de révolte du jeune rencontre la violence des désillusions de l’entraîneur. La notion de coach n’est pas unilatérale, elle est désorganisée par les deux personnages pour lui rendre sa com- plexité et son humanité. Les deux souffrances se reconnaissent et combattent leur propre tendance à l’autodestruction.


Dans cette histoire la notion de transmission est elle-même inter- rogée et bousculée : comment appréhender un enseignement sans perdre ses intuitions. Trouver sa voie, son cheminement tout en participant au collectif ?
Poursuivant une ascension vers le sport professionnel, leur fuite effrénée vers la compétition dévoile leurs contradictions et leurs souffrances cachées : un chemin parallèle vers une quête du père qui s’ignore.

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