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Les Morts qui touchent

mise en scène Jean Boillot

: Notes de mise en scène

EMOTION ET LÉGÈRETÉ


Chaque fois que je lis Les morts qui touchent, que ce soit pour moi ou en public, l’émotion est toujours présente : intense et simple. C’est une émotion ténue, intérieure, légère, pudique comme un trio d’Haydn, loin de tout pathos. Une émotion de vie qui s’adresse aux vivants avec douceur.


Les morts qui touchent est un « voyage » à travers des lieux. Une collection sensible de lieux, porteurs de mémoire émouvante. Un voyage qui nous fait passer par tous les aspects de la mort (ses dimensions sociales, politiques, philosophiques, légales) mais dans un mouvement — celui d’un travail de deuil — qui est de réconciliation et de vie. Grâce à ce voyage, où la jeune femme invite d’autres fantômes qui lui sont chers, elle reprend le dialogue interrompu avec sa mère.


Les deux femmes sont accompagnées par des « Pensées » qui sont tour à tour empathiques, ironiques, oratoriales ou ludiques, et même par moments joyeusement « déconnantes ». Elles incarnent des personnages, vivants ou fantômes, invités par la Vivante, selon la nécessité de ce théâtre-voyage.


Pour interpréter la mère et sa fille, j’ai choisi Arlette Bonnard et Stéphanie Schwartzbrod pour leur intensité, leur humanité, leur sensibilité… Elles seront accompagnées de six pensées, à la présence plus effervescente, pour à la fois jouer, raconter, chanter, défier les lois de l’apesanteur… Géraldine Keller, David Maisse et un autre acteur, ainsi que le trio K/D/M.


UNE CREATION MUSICALE DE MARTIN MATALON


J’ai proposé à Martin Matalon d’écrire la musique pour voix, trio et électroacoustique. Ce choix s’est fait comme un coup de coeur, à cause de l’organicité de sa musique, sa dimension spatiale (sonorisation et électro), mouvante, ses textures magnifiques, la puissance de son écriture. Je confierai l’exécution au Trio K/D/M. Cette écriture sera complétée par celle de Max Bruckert qui « sonographira » notre espace, en lien étroit avec Laurence Villerot, scénographe. L’espace sonique viendra doubler l’espace scénique.


MOUVEMENT, JOUER SUR LES PLANS


La structure de cette pièce « paysage » et l’écriture poétique d’Alexandre Koutchevsky tire son mouvement sensible de la variation des points de vue, de son jeu sur les plans, au sens cinématographique ou géographique, qui va de la grande échelle au plan rapproché. Ca part du ciel pour arriver sur la terre, ça part du souvenir pour parvenir à la vie présente.


Pour en rendre compte, je voudrais choisir au plateau le langage du mouvement et de la polyphonie : grâce à un dispositif scénique qui intègre le son comme une augmentation de l’espace, grâce à une scénographie qui permette la coexistence poétique du jeu, du chant, de la musique et d’acrobatie. Pour point de départ de notre réflexion scénographique, le salon-salle à manger de la mère, vidé par la fille et le père. Viendront jouer avec cette première proposition, d’autres liés à des matières, des cadrages, des aménagements pour des entrées/sorties surprenantes des pensées qui hantent les lieux et l’imaginaire.


Être loin ou proche de quelqu’un, c’est la possibilité d’être plus ou moins touché. Le théâtre joue avec les distances. Il rapproche ce qui est loin et éloigne ce qui est proche, dans l’espace comme dans le temps.

Jean Boillot, directeur et metteur en scène du NEST

janvier 2013

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