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Le Retireur des eaux

mise en scène Catherine Froment

: Extraits

« La situation est certes désespérée, mais on ne peut pas dire qu’elle soit vraiment grave »


« Prendre sa propre température
S’alarmer vraiment de ne pas avoir de fièvre
Si l’ordinateur chauffe plus que ton propre corps
Dis toi que tu t’es fait congeler sans t’en rendre compte
Honneur aux ratés
Le XXIe siècle est un roi
Je me couronne et dans ma bagnole
Je fais la plus grande marche arrière que je peux
Je recule interminablement et forcément
J’écrase des personnes des animaux des enfants des paysages des peuples des mondes
En plein jour je recule pour trouver la nuit
Je recule afin que la fièvre monte en moi
Que la température de l’homme s’élève
Au bout de nombreux jours en marche arrière
Ma bagnole prend feu
Je continue à reculer
Qui sait si je resterais une voiture en feu seule à reculer ou si
j’arriverais à enflammer le reste sur mon passage ? »



« Je m’apprête à plonger dans le malheur
Je ne prends pas un avion pour un pays en guerre, je ne laisse pas les autres faire le boulot à ma place
Je reste chez moi et je vis de façon de plus en plus minable, je m’enfonce dans la misère intérieure et extérieure
Et les mois passants je me surprends à m’enfoncer encore un peu plus bas
Je déplace des montagnes pour approfondir mon malheur
Un jour je suis allongée paralysée de tous côtés dans mon appartement mais je ne lâche pas l’affaire, je ne dépose pas ma tenue de chevalier au bas du lit
Je suis émue je suis au bord du bonheur »



« Mon oncle lit le journal à toute la famille sur la plage cramé comme un homard
Des naufragés africains échouent devant nous sur la plage
Plus ils sont nombreux plus les touristes posent leurs serviettes
Mon oncle revient de la guerre couvert de sang et
sous nos pieds à un ou deux mètres sous terre des soldats
Nos serviettes posées sur un cimetière
La marée va monter d’un coup
C’est une aubaine de naître avec un strabisme
L’œil penche pour suivre la terre quand elle tourne
Avec ces années je penche de plus en plus
Vers qui pourrai-je me laisser tomber ?
Trouverai-je à la fin un corps pour soutenir le mien ?
Ne pas être un homme amoureux d’une seule personne mais
Un Dieu amoureux du monde »



« Depuis enfant je me suis toujours interrogée sur les portes de sorties une fois morte
Si on te brûle tu n’as aucune chance si on te fout dans une boîte idem
Pourquoi ne pas te laisser à l’air libre au pied d’une souche d’arbre
Ou sur une plage avec des belles gonzesses qui bronzent ?
Si on te fout sous terre dis toi que c’est pour t’enfoncer un peu plus
Pour que tu n’aies pas la moindre chance de t’en sortir
La mort est finalement un moyen pour t’assassiner pour de bon
Cultive ton jardin mon pote
Vas-y bêche et avec ta pioche balance la terre de tous côtés
Déterre les plans de tomates
Déterre les salades fraîchement sorties
Fais jaillir la terre
À côté dans le jardin ouvrier les voisins accourent
Mais qu’est-ce qui lui prend ?
J’ouvre les veines de la nature les gars
Je peints le tableau du monde
Les carottes volent en l’air les taupes se barrent vite fait
L’être humain ne cesse d’assassiner l’être humain
Le monde ne te demande pas de sortir la parole de toi
Le monde te demande d’avaler tout ce qui est sorti de toi
de le ré-ingurgiter tel un vomi que tu ré-avalerais
Ceci est un mot de trop ré-avale le
Ré-avale ton regard tes gestes à toi
Ré-avale tout et ré-avale toi toi-même
Essaie non pas d’être un peu complexé mais complexé de toutes parts
Haïs-toi le plus possible »

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