theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Un Paradis sur terre »

Un Paradis sur terre

+ d'infos sur le texte de Eric Durnez
mise en scène Juan Martinez

: Note d'intention

Un premier voyage au Burkina Faso en avril 2009 nous a permis de découvrir le potentiel artistique d’un projet interculturel. L’objectif du projet Paroles croisées auquel nous participions était le suivant :
bouleverser par la rencontre avec d’autres cultures le regard que l’on porte sur soi et autrui ; questionner les a priori et les préjugés ; sensibiliser le public aux pratiques artistiques comme outils de citoyenneté, de remise en question et de construction d’un esprit critique.


Le projet prévoyait également des ateliers d’échange avec les acteurs et les musiciens du Théâtre Éclair. Comme nous, ils sont professionnels, s’intéressent au texte, à la discipline de l’acteur, et au théâtre comme moyen d’éveiller les consciences, de susciter le débat et promouvoir une parole libre. Mais notre séjour s’était arrêté trop vite pour une rencontre aussi bouleversante. Il était donc impératif de donner une suite à cette première découverte afin de creuser et laisser apparaître ce qu’une telle rencontre permet.


Le défi que nous nous sommes imposé, c’est de créer un spectacle destiné aux deux publics, l’Africain et l’Européen. Pendant un mois et demi nous avons répété sous le soleil burkinabé. Nous avons subi le couvre-feu, les coupures d’eau et d’électricité. Nous avons donc travaillé dans une grande simplicité. Ensemble nous avons créé un espace privilégié où les acteurs donnent vie à la pièce. Ce qui nous intéresse, c’est la rencontre entre ces deux univers, celui des acteurs burkinabés et des acteurs belges. Ce que les gens verront, c’est une équipe d’acteurs issus de deux mondes différents qui travailleront ensemble pour donner vie à cette fable. Ils vont confronter leurs imaginaires respectifs, leur façon de s’approprier la langue. Ils vont jouer ensemble.


Le parti pris a été celui du retour aux sources du théâtre. Tout d’abord en utilisant une forme minimaliste qui se base principalement sur le texte et sur l’acteur. Il suffit de quelques accessoires et l’histoire peut être racontée. Ensuite, en installant des codes basiques pour permettre aux spectateurs de comprendre l’histoire et de prendre du recul par rapport à ce qui est dit. C’est un jeu, un jeu rituel. Enfin, en installant le cercle pour délimiter un espace où l’action dramatique peut avoir lieu. À l’extérieur du cercle, on retrouve la dimension du conte, on est plus proche du théâtre épique.


En effet, les interventions à l’extérieur du cercle aident à «désamorcer le dramatique», à installer une distance par rapport aux événements qui ont lieu à l’intérieur du cercle. Trois sources, donc, de la représentation : le conte, le théâtre épique, et l’action dramatique pure.


Nous avons opté également pour un espace et des costumes intemporels, plutôt que de chercher à faire quelque chose de futuriste. D’abord parce que le point de départ dans l’histoire est celui d’un équilibre retrouvé avec la nature (l’eau est « pure et fraîche »). Je le vois plus comme un retour aux sources, de nouveau, plutôt qu’à une Afrique imaginaire du futur, à la technologie super avancée.


En effet, ce que la pièce raconte, aussi, c’est notre échec à trouver cet équilibre avec la nature. Le décor africain, dans ce cas, n’est qu’un prétexte, il aurait pu avoir lieu en Amazonie, ou dans le Japon médiéval ou ailleurs, mais en tout cas loin de la culture dominante d’aujourd’hui. À savoir celle du profit, de la surproduction, du nucléaire et du capitalisme sauvage.


Le dispositif quadri-frontal symbolise l’espace refermé du camp, mais aussi l’espace privilégié pour le théâtre. Il resserre l’intimité entre l’acteur et le spectateur, et des spectateurs entre eux. Le spectateur entre quelque part, il est ailleurs. Il entreprend un voyage, le temps d’une représentation.

Juan Martinez

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.