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Le Génie des Bois

+ d'infos sur le texte de Olivier Balazuc
mise en scène Olivier Balazuc

: Les “sous-bois” du projet

Le désir de ce projet est venu de la rencontre avec Scali Delpeyrat, pour qui le rôle du génie des bois est écrit. Nous jouions une pièce lorsqu’un jour, peu avant le début de la représentation, ayant entrebâillé la porte de la loge donnant au loin sur le bois de Vincennes, nous nous sommes pris à rêver de l’opposition apparente entre le lieu de culture où nous nous trouvions et la nature toute proche… Qu’attendait-on d’une représentation théâtrale et de l’art de l’acteur ? Le signe de reconnaissance avec un monde de valeurs établies, une morale sous couvert d’esthétique, ou bien l’expérience à rebours de nos pulsions primitives ? Ne fallait-il pas entrer au théâtre comme si l’on traversait une forêt obscure ?


Aujourd’hui, nous ne parlons plus la tragédie, peut-être parce que la forêt manque – nous avons comblé partout le silence par peur du vide et nous nous hâtons de faire fleurir des réverbères dans les coins d’ombre pour ne pas voir surgir des fantômes. Les fantômes, qui sont-ils, sinon ces voix enfouies en nous-mêmes, que nous ne pouvons faire taire, sauf à les ignorer ? Et le théâtre est bien là pour leur donner la parole. Je rêvai au rôle initiatique de la forêt dans les tragédies de Shakespeare.


La forêt y est bien souvent le miroir du théâtre qui est le miroir du monde. Lear traverse la forêt comme on se défait de ses certitudes et sa folie se fait voyance. Le théâtre en tant que tel exerce un pouvoir de dépouillement. Ce qui n’est pas nécessaire redevient accessoire. L’enjeu de parole, l’enjeu poétique est affaire de survie. Je repensai aussi à la pièce d’Euripide, Les Bacchantes, dans laquelle le jeune Dionysos, figure de la fête et du théâtre, se venge cruellement du prince qui ne l’a pas pris au sérieux. Ce dernier voit son pouvoir réduit à rien et le théâtre contaminer le réel jusqu’à la folie. Toutes les femmes du royaume quittent leurs maisons pour rejoindre les forêts et s’adonner aux bacchanales. La tragédie s’initie dans un climat grotesque, presque une farce, puisqu’elle se joue au nez et à la barbe de l’ordre, réduit lui-même à du mauvais théâtre. Quel sens donner à la vengeance du dieu, sinon que nous avons le devoir de nous enchanter…

Olivier Balazuc

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