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L'Amour d'un brave type

mise en scène Jean-Paul Wenzel

: La pièce, racontée par Arlette Namiand, dramaturge

Au lendemain de la guerre de 14-18, quelque part dans les Flandres, sur l’un des sites où se sont déroulés les combats sanglants, le jeune Prince de Galles commande l’édification d’un cimetière pour les soldats anglais dont les cadavres sont encore mélangés à la terre.


La tâche est confiée à l’entrepreneur Hacker.


Des soldats, eux-mêmes rescapés de ces lieux, sont chargés d’exhumer ce qui reste des corps de leurs anciens compagnons pour les recenser, et donner à chacun une sépulture.


Le tout est supervisé par Bride, «directeur en chef des commissions pour les tombes», un type scrupuleux qui peut réciter par cœur la liste de tous les soldats morts…


Mais la tâche est considérable, et l’inauguration du lieu par le Prince de Galles en personne est prévue dans un délai bien trop court, d’autant que l’arrivée inopinée de Madame Toynbee et de sa fille Lalage, venues chercher le corps de leur fils et frère pour le ramener en Angleterre, ne va pas simplifier les choses.


Dès lors, le champ de bataille va devenir le lieu de toutes les représentations :


On y joue les sentiments, la souffrance, l’honneur, avec des postures et des discours de circonstances aussitôt déjoués par la trivialité des désirs, des commerces de toutes sortes, manipulations, corruptions, mensonges dont sont capables ces vivants, foulant ces milliers de cadavres…


Bientôt l’entreprise « de glorification » va prendre un tour tragi-comique.


On falsifie un bout de cadavre pour faire croire à la femme Toynbee que c’est bien son fils… La présence de la chair humaine sous les pieds et de l’odeur de mort qui rôde, tourne les esprits, avive les angoisses existentielles, exaspère les pulsions sexuelles. On se « monte » hâtivement, on se trahit, on met quatre corps par cercueil pour aller plus vite, on fait tourner les tables, on fait monter les enchères, on défend de sordides intérêts, on outrage la morale, on outrepasse les limites de la bienséance, en un petit théâtre grotesque où rire, obscénité et sentiment tragique de l’existence alternent comme autant de « mises en scène » de l’humain.


A la fin, le cimetière encore inachevé, les soldats se font débaucher par un capitaine qui leur promet une meilleure paie pour aller tuer de l’Irlandais, tandis que Mrs Toynbee qui a séduit sans difficulté l’entrepreneur Hacker, et s’est offerte elle-même comme salaire s’il parvenait à retrouver le corps de son fils et à le faire rapatrier, n’en finit plus de manipuler les hommes, jusqu’au Prince de Galles, venu inaugurer le cimetière, et qu’elle envoûtera dans une grotesque séance de spiritisme.


Bride, lui, donnera une ultime représentation pathétique de son «suicide raté éternellement reconduit », le soldat Trod continuera à parler avec les morts, Lalage repartira meurtrie et méprisée par l’ombrageux et désabusé soldat Riddle à qui elle se sera piteusement et désespérément offerte.

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