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La Mouette

+ d'infos sur le texte de Anton Tchekhov traduit par Antoine Vitez

: Une ode au théâtre

La Mouette (en russe Tchaïka) est la première des quatre pièces les plus connues d'Anton Tchekhov – Oncle Vania (1899), Les trois soeurs (1900), La Cerisaie (1904).
Pièce emblématique du théâtre russe, elle a conquis aujourd’hui un large public dans le monde entier. La première, en octobre 1896 à Saint-Petersbourg, fut pourtant un four. Tolstoï en parla alors comme d’une « absurdité sans valeur écrite ».Vera Komissarjevskaïa, qui passait pour la plus grande comédienne de son temps et jouait Nina, avait été si intimidée par l'hostilité de la salle qu'elle en perdit la voix. Tchekhov n’en fut guère surpris : « J’écris ma pièce non sans plaisir, même si je vais à l’encontre de toutes les lois dramaturgiques », écrivait- il à l'éditeur Souvorine en 1895.


Il fallut attendre la reprise au Théâtre d'Art de Moscou, deux ans plus tard, dans la mise en scène hyper naturaliste de Constantin Stanislavski et Vladimir Nemirovitch-Dantchenko, pour qu’enfin le public fasse un bel accueil à La Mouette, ce qui n’empêcha pas, par la suite, une réception fluctuante de son auteur après la Révolution bolchevique.
Avec l’esthétique futuriste des années 20, incarnée par Maïakovski et le théâtre d’agit-prop, on trouva Tchekhov démodé, statique. Mais avec la caution morale de Gorki, il fut bientôt considéré comme un auteur « pré-revolutionnaire » qui décrit une société tsariste en pleine décomposition et on le joua régulièrement dans les théâtres officiels soviétiques.
Aujourd’hui dans la Russie de Poutine, Lev Dodine, au Théâtre Maly Drama de Saint- Petersbourg, continue de porter avec hauteur et acuité le répertoire du « médecin-dramaturge » des âmes.


L’arrivée en France de La Mouette en 1922, au Théâtre des Champs-Elysées, est due à Georges et Ludmilla Pitoëff. L’humanisme profond de la pièce les touchait : « les personnages sont vrais, ordinaires, et tous baignés de cette ironie du sourire inoubliable de Tchekhov ». Dans cette « comédie de moeurs » en quatre actes, on retrouve un art si singulier pour transmettre les tourments de personnages qui se cherchent, qui cherchent l'amour, mais le laissent fuir ou passent à côté sans le voir. La jeune Macha qui, toujours en noir, porte « le deuil de sa vie », en est un superbe exemple. Amoureuse éperdue du tourmenté Treplev qui l’ignore, elle épouse par défaut un homme simple et besogneux.


L’action de La Mouette se déroule dans la propriété de Sorine, l’oncle de Treplev, ancien conseiller d’Etat. Il y a des gens qui y sont en villégiature, telle Arkadina, soeur cadette de Sorine, d’autres qui travaillent « vraiment » : Medvedenko, instituteur, Chamraiev, intendant du domaine, sa femme, Paulina, et Dorn, médecin en retraite, resté vigilant sur la santé du groupe. Arkadina, la mère de Treplev, est une actrice connue et imbue d'elle-même. Son amant, Trigorine, est un écrivain à la mode, peut-être un peu plus modeste, sans que cela ne l'empêche d'exposer avec suffisance sa méthode de travail. À l'opposé, on trouve Nina, fille de riche propriétaire, qui aspire à devenir actrice, et Constantin Gavrilovitch Treplev qui s'essaye à l'écriture nouvelle. L'accueil d’Arkadina par des sarcasmes de l'oeuvre « décadente » écrite pour Nina, montre tout le mépris qu’elle éprouve envers l'art de son fils. Il se sentira rejeté, comme Nina sera rejetée par Trigorine après une courte et infortunée liaison avec lui.


Au travers du « quatuor artistique », l’oeuvre aborde le problème du statut des artistes et de l'art, et plus précisément de l’art théâtral. Pour Antoine Vitez, qui la traduisit et la mit en scène au Théâtre National de Chaillot en 1984, la pièce est « une vaste paraphrase d’Hamlet» où Treplev répète Hamlet, Arkadina, Gertrude, Trigorine, Claudius, Nina, très attirée par l’eau, Ophélie… Sous l’apparent tissu de la banalité quotidienne, s’agitent de grandes figures mythiques. C’est dans le texte français d’Antoine Vitez – édité par le Livre de Poche–, que Frédéric Bélier-Garcia a choisi de présenter au Nouveau Théâtre d’Angers cette oeuvre universelle.

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