Il me semblait qu’elle se tenait un peu en retrait dans mon bureau, sans me regarder. Elle ne donnait pas l’impression de parler et cependant j’entendais sa voix. « N’a pas dit chère », c’est elle qui prononce ces mots. Je l’entends les dire. Je les note. Je lui avais dit que j’envisageais d’écrire une pièce pour elle. La pièce va donc s’écrire en sa compagnie. (Non seulement je l’entends, mais je la vois traverser l’espace, bien droite ; or, elle est assise dans l’ombre, dans le bureau.)

« Contes et Légendes de l’humanité », c’est ainsi que je définis la pièce. Cela se passe dans des maisons, avec lits et fenêtres, comme dans toutes les maisons. Cela se passe sur une soixantaine d’années. La Figure principale, c’est elle, ira de maison en maison (les voisins  ?) et nous guidera à travers l’espace, à travers le temps. Et elle, la Figure principale, vieillira à vue d’œil. Il y aura des drames. Il y aura un épilogue.

C’était en 1995, dans ma maison de Romainville (j’ai vendu la maison) que s’est écrite cette Maison des morts, dans la familiarité de sa voix, la voix de l’actrice.

Philippe Minyana