En 2001, Jean-Luc Terrade créait 5 textes courts de Beckett. L’un d’entre eux, Cette fois est toujours au répertoire de la compagnie. Ce spectacle court peut être proposé en première partie de “La dernière bande”

“cette fois où tu es retourné cette dernère fois voir si elle était là toujours la ruine où enfant tu te cachais quand c’était... journée grise avec le 12 jusqu’au bout de la ligne et de là à pied mais non...”

“Cette fois” est un travail sur ce “flot ininterrompu de mots et de larmes...” - dont parle l’auteur, sur le murmure, le soliloque. Le dialogue “extérieur”, ici, ne peut plus exister, et d’ailleurs parler à qui ? A qui d’autre qu’à soi-même ?
Dire pour tenter de parvenir au bout des mots, au silence ; mais ils n’en finissent plus ces mots, et peut-être que c’est tant mieux, car la mort, bien que souhaitée, est toujours crainte et repoussée.
D’un côté les mots ininterrompus et de l’autre l’auditeur (corps ou visage) avec, par moment, quelques traces de manifestation (un clignement d’yeux, un balancement...)
Contraste de la liberté, de la mobilité des mots et des corps pratiquement immobiles, statiques.

“Cette fois”(1978) et “la dernière bande” (1959) sont deux propositions de Beckett qui se répondent comme en écho. “Cette fois” nous met en présence d’un personnage qui remonte lui aussi dans son passé. Ici, il s’agit d’une seule image de la mémoire portée par un travail vocal (bande son) et une présence. Là, avec “la dernière bande”, le traitement de mise en scène se fera dans une forme plus théâtrale.

“Seuls les mots rompent le silence, tout le reste s’est tu. Si je me taisais je n’entendrais plus rien. Mais si je me taisais les autres bruits reprendraient, ceux auxquels les mots m’ont rendu sourd, ou qui ont réellement cessé.”