: Jean-Luc Terrade / Notes d’intention / Rencontres...
C’est avec Jackie Challa , directrice du Centre Culturel d’Oloron- Ste Marie, qui programme et soutiens le travail de Jean-Luc Terrade régulièrement depuis plusieurs années, qu’est né ce projet.
“Jackie désirait qu’un jour, André Geyré et moi-même nous rencontrions autour d’une création, et
plus particulièrement autour de l’écriture de Samuel Beckett. Et André Geyré souhaitait travailler
sur “La dernière bande“ !
Avec cette proposition, il m’est apparu que “me pencher”, comme le fait le personnage , sur cette
“dernière bande” était un déroulement logique dans mon parcours de metteur en scène et dans ce
compagnonage que je mène depuis longtemps avec l’oeuvre de Beckett.
Dans les années 80, dèja, j’avais mis en scène deux spectacles de théâtre gestuel ( “Silence Ecrit” et
“Gouttes de silence”) à partir de l’univers et de l’écriture de Samuel Beckett (Nouvelles pour Rien
, Bing ,l’Innommable).
En 2002 cinq textes avaient été créés “Berceuse”, “Pas moi”, “Fragments de théâtre 2”, “Cette
fois” et “Solo”.
Début 2009, je mettrai en scène “Oh les beaux jours”, avec une des comédiennes de la compagnie,
Babeth Fouquet. A noter que cette pièce pourra être présentée avec la reprise de “Berceuse” interprétée
par Martine Lucciani.
Et aussi, lors des stages de formation, que j’ai pu organiser tant en direction des professionnels que
des étudiants, de très nombreux textes de cet auteur ont été « traversés » et travaillés (et tout particulièrement
“Dis Joe”, “Sans” et “Nouvelles pour rien”).
Beckett ! Toute son oeuvre ne raconte que la marge, la vieillesse, la fin !
Avec mes propres créations et les mises en scènes d’auteurs tels que Pasolini, Duras, Sade, Lagarce,
Genet, Guyotat, pour n’en citer que quelques uns, ce sont toujours des figures marginales qui sont
présentées, travaillées.
A travers ces pièces, ces oeuvres dont j’ai fait théâtre, c’est la sexualité de ces figures et son questionnement
qui prenait une place importante. Une grande différence avec l’univers de Beckett où ce
thème n’est pas central, tout au plus traité avec dérision.
En revanche, la mort (ou la fin) avec laquelle «joue» sans arrêt Beckett, est toujours présente chez
ces auteurs (comme chez tout les grands auteurs d’ailleurs !). C’est aussi un des fondements de mon
travail tout comme la notion d’ échec, omniprésente chez Beckett, pendant de la notion de mort.
C’est aussi la thématique de la vieillesse, de vieillisement, que traverse les textes de Beckett, thématique
qui jusqu’à présent ne « pouvait » ou « ne devait » pas être présente dans mon travail ou
alors qu’en négatif.
Ce n’est plus le cas avec la création en 2007 de “Au bord de mes/nos ténèbres” sur la notion du
temps et de son usure sur nos corps (charnels et sociales) et nos pensées.
Vieillesse qui ne veut pas dire abandon, bien au contraire, mais vitalité , bagarre, et bonne dose d’humour
sur soi !
Et c’est une des grandes difficultés de Beckett : faire apparaître l’humour présent dans toute son
oeuvre, sans appauvrir et alléger sa pensée.
« C’est presque toujours un humour noir : acharné à la réduction de l’espoir, l’humour doit être
mesuré par la même transcendance qui empêche l’homme de sombrer dans l’abrutissement de la
douleur, le langage dans la complaisance du pathétique ».
Humour fait de calembours, de jeux de mots , de clowneries….
Mais Beckett c’est avant tout l’écriture !
Des mots, un rythme, des spirales à l’infini, un souffle, une pensée unique …
Une recherche de toute une vie de vouloir se taire et de ne jamais le pouvoir…, le vouloir ! Jusqu’au dernier souffle !...
horreur / beauté
déchéance / renaissance
pathétique / humour
acceptation / refus
amertume, violence/ tendresse
Jean-Luc Terrade
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