: Note d’intention de mise en scène
La scénographie : un décor symbolique
L’une des particularités de La Dernière Lettre est la différence entre
la neutralité des lieux où se déroule
réellement l’action (trois bureaux) et
la force des lieux dont on ne cesse
de parler dans le texte (la prison,
le tribunal, le couloir de la mort, le
parloir).
Il nous est apparu immédiatement
comme une évidence, à Caroline
Mexme et à moi-même, que la
scénographie devait renvoyer à ces
lieux dont on parle, même si les
personnages ne s’y rendent qu’en off.
Afin de permettre au spectateur de
se les imaginer, ou tout au moins d’en
sentir la proximité.
C’est pourquoi Caroline a conçu un
décor pouvant évoquer l’univers
carcéral.
L’ensemble du décor est ainsi porté
par des tiges métalliques : les pieds
des bureaux, les praticables au sol,
la passerelle de fond de scène et son
garde-corps. Le praticable permet de
servir d’assise, évitant ainsi l’ajout de
chaises supplémentaires.
Nous avons côté jardin le bureau
d’Anna et côté cour celui de
Clémence : deux espaces clairement
délimités, représentant l’opposition
entre les deux femmes. L’espace en
haut de la passerelle est réservé dans
un premier temps aux différents lieux
que fréquente le personnage d’Alex.
Elle permettra par la suite de passer
symboliquement d’un côté à l’autre de
la scène et donc, d’un camp à l’autre.
Les praticables, prolongés sur le
devant de la scène par un marquage
Note d’intention de mise en scène
au sol, composent un rectangle fermé
qui sert d’espace de circulation pour
les personnages. Un espace clos,
rappelant la notion d’enfermement,
ainsi que celle d’un ring dans lequel
les deux camps vont s’affronter.
Au moment où les deux clans vont se
rapprocher et décider de collaborer,
les deux bureaux se retrouveront au
centre de la scène.
Au troisième acte, quand les
certitudes de tous voleront en éclat,
les bureaux seront placés en réserve
sous la passerelle. Laissant ainsi tout
l’espace aux quatre comédiens.
Les couleurs du décor sont neutres :
anthracite et noir ainsi que celles des
accessoires (piles de papiers, cartons,
dossiers, etc) gris, beige, « papier
kraft ».
Les costumes des personnages
vont également dans ce sens :
des dégradés de couleurs douces,
assorties à l’ensemble. Chaque
personnage aura par convention un
seul costume pour l’ensemble de
la pièce. C’est également Caroline
Mexme qui s’occupe des costumes,
permettant ainsi une harmonie
générale avec le décor.
Par contraste, nous avons sur le
plateau un pull bleu électrique
ayant appartenu à Matias Larcher
(la victime), et une combinaison
orange de détenu appartenant à
Michaël Ellis (le condamné). Ces deux
hommes étant les personnages dont
parle toute la pièce, mais qu’on ne
voit jamais au plateau.
La lumière
La création lumière est assurée
par Rémi Saintot, qui a déjà éclairé
mes deux premières créations. Il est
intéressant de noter que rien n’est
« plein » dans le décor, ce qui permet
à tous les barreaux d’exister en euxmêmes
et par les ombres qu’ils
peuvent projeter. Par ailleurs, dans
beaucoup de scènes, les comédiens
ne jouant pas sont tout de même
présents au plateau et la lumière sert
à mettre plus ou moins en évidence
leur présence, en fonction de ce
qu’elle symbolise.
Exemple : Anna Larcher qui s’est
endormie enroulée dans le pull de
Matias côté jardin alors qu’on assiste
à une scène de Clémence Robin côté
cour.
Le son
Pour la première fois, j’ai travaillé
non pas avec de la musique préexistante,
mais avec un compositeur
qui va créer une musique originale
pour le spectacle. J’ai choisi Romain
Trouillet car j’ai apprécié beaucoup
de ses musiques au théâtre au cours
des dernières années. Et parce que
Romain a également vu mon travail,
que nous avons des goûts musicaux
communs, ainsi qu’une même vision
de ce que peut apporter une bandeson
dans un spectacle.
Nous avons convenu ensemble qu’il
travaillerait à la fois sur de la musique
et sur du son pour évoquer le milieu
carcéral.
Il s’agit de ma première mise en
scène où il n’y aura pas de
chorégraphies, parce que la pièce
ne s’y prête pas. Il existe néanmoins
des moments visuels sans texte, de
circulations des personnages dans
le décor, où la musique évoque l’état
intérieur de chacun d’eux.
Violaine Arsac
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