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La Crise commence où finit le langage

+ d'infos sur l'adaptation de Olivier Balazuc ,
mise en scène Olivier Balazuc

: Prétexte

Crise (kriz) n.f. – 4 littér. Au théâtre, point culminant, noeud de l’action psychologique. Le Grand Robert de la langue française

C’est ici précisément que naît le désir de ce spectacle. Tenter de comprendre en quoi la crise est devenue un mode de représentation qui affecte notre rapport au monde au niveau individuel et collectif. Il ne s’agit pas de dresser un bilan, encore moins d’exposer une théorie, mais plutôt de se réapproprier par les moyens du théâtre le premier secteur en crise, celui de la pensée et de l’imaginaire. La découverte des écrits d’Éric Chauvier a été déterminante. Anthropologue de formation, ce drôle d’empêcheur de penser en rond s’efforce à travers ses ouvrages d’appréhender la crise comme une crise culturelle, et plus précisément comme une crise du langage. Reprenant à son compte l’aphorisme de Wittgenstein, « ce dont on ne peut parler, il faut le taire », il voit le premier symptôme de crise dans l’impossibilité même de nommer le problème.


Dans La Crise commence où finit le langage, il part d’une focale microsociologique, une anecdote banale dont il est l’acteur involontaire ou plutôt la victime, le « télémarketing » pour mettre à jour la logique d’un système « invisible » qui tend à s’imposer comme le réel.


Dans Que du bonheur, il dissèque les implications d’une phrase en apparence anodine, associée au souvenir de son ex-petite amie, qui ne cesse de s’exclamer : « c’est que du bonheur ! » À travers l’échec d’une relation amoureuse, cette simple phrase stigmatise un système de pensée excluant tous ceux qui n’adhèrent pas à une idée du bonheur artificiellement instituée. Sortir de ce schéma obligatoire ouvrirait peut-être la voie sinon au bonheur, du moins à une joie authentique, celle d’une parole retrouvée.


Les textes d’Éric Chauvier sont courts, fulgurants et pleins d’humour. Leur originalité vient de ce qu’ils s’apparentent moins à l’essai qu’au fragment. L’anecdote dont procède chaque livre est en fait l’épicentre d’une crise vécue intimement. L’auteur n’adopte jamais le point de vue surplombant et distancié d’un scientifique regroupant ses conclusions, mais bien au contraire d’un homme « à nu » qui se sert de ce qui le constitue pour nourrir son questionnement et sa lutte. La Crise commence et Que du bonheur sont écrits à la première personne et s’attachent à restituer le cours d’une pensée in vivo, au présent de la narration. C’est ce processus de pensée, avec ses ruptures, ses lignes de faille et ses exaltations, ses glissements aussi, qui me touche particulièrement. Chauvier privilégie la mise en situation, qu’il développe jusque dans les plus infimes retranchements, jusqu’à l’absurde, avec un sens certain de la théâtralité. L’anecdote personnelle devient emblématique de l’individu face au monde, de la partie pour le tout.

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