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La Cage

+ d'infos sur le texte de Ava-Gail Gardiner traduit par Michael Batz
mise en scène Michael Batz

: Note d'intention et de mise en scène

L’emprisonnement d’un groupe de réfugiés haïtiens qui se sont échoués à la Jamaïque en février 2007 est l’événement qui a inspiré cette pièce. Malgré son importante médiatisation, très peu de gens ont protesté contre les mauvais traitements et l’emprisonnement qu’ont subis les haïtiens. Les débats se sont principalement orientés sur les maladies contagieuses comme la malaria, la tuberculose, le VIH/SIDA, qui affectaient potentiellement ces réfugiés.

Étant une personne très investie dans la lutte pour le respect des droits de l’homme et de la santé publique dans Les Caraïbes (y compris en Haïti), l'auteur a été très choqué par ce traitement injuste et inhumain. Dans un même élan elle envoie une lettre de protestation au grand quotidien jamaïcain. Mais la lettre n’a jamais été publiée…même parmi ses collègues, tous esquivent le problème. Il lui a été alors signifié que si la situation haïtienne est assez longtemps ignorée, alors elle disparaitra.


Quand on observe la croissance de la xénophobie dans le monde et la récurrence du thème de l’immigration dans tous les discours politiques, La Cage peut être un moyen de se confronter à cette question fondamentale des droits de l’homme car le théâtre est encore un de ces rares lieux où la dure vérité peut être encore dite.


La Cage contient de multiples messages qui peuvent être interprétés à différents niveaux. Tout d’abord, comme une analyse politico sociale de la manière dont nos frères et sœurs haïtiens sont souvent traités dans Les Caraïbes, et dans le monde. Ensuite, elle cherche à explorer la nature de nos préjugés, de nos craintes, en questionnant notre propre tendance d’humains fébriles à trouver un bouc émissaire.


Les personnages principaux représentent l’étranger marginalisé. Étant donnée l’histoire agitée d’Haïti avec ses crises politico sociales et économiques, les haïtiens sont perçus comme les parias des Caraïbe. Cette situation s’est même empirée suite au tremblement de terre. Ailleurs, cependant, ce sont les jamaïcains, les arabes, les noirs, ou tout simplement les étrangers qui sont vus comme « persona non grata ».


Étant donné l’actualité de la pièce, l’auteure a envie de la faire traduire dans toutes les langues de la région (créole, français, espagnol) pour la présenter aux spectateurs caribéens et latino-américains, afin de provoquer des débats sur la signification du « bon voisin ».


L’objectif fondamental de cette pièce est essentiellement d’attirer l’attention du spectateur sur le sort désespéré des réfugiés, qui, aux quatre coins du monde, sont sujets à des formes de rejets et d’humiliations. Ces trois hommes sont la représentation dramatique d’un groupe plus large de personnes marginalisées et déplacées dans les Caraïbes et dans le monde entier.


Les spectateurs sont invités au fur et à mesure que l’action se déroule à se mettre dans la peau des acteurs afin de se confronter à leurs propres préjugés. Nos introspections nous obligent à des interrogations brûlantes : les valeurs matérielles qui nous préoccupent, le sens de la vie, la liberté (individuellement et collectivement). Comment surmonter les vicissitudes de la vie sans en garder de profondes cicatrices. Et finalement comment peut-on aimer l’autre?


Pour comprendre la scène finale de la pièce, il est important de noter que le vaudou haïtien a été faussement assimilé à un culte voué au diable mais en fait c’est une religion basée sur le concept de respect : le respect de Dieu, des iwas (esprits), de la communauté, de la famille, de l’individu et surtout respect de soi-même. En Haïti, Vaudou et rituel catholique, se chevauchent pour créer une forme très dynamique de culte. La scène finale célèbre cette expression culturelle riche reconnaissant que le respect pour les vivants est inséparable de celui pour les morts.


Pour la mise en scène, notre intention est de créer un spectacle techniquement simple et transportable qui peut être joué autant dans des salles de théâtre que dans des espaces non théâtraux. La Cage est le seul décor sur la scène nue. Assez large pour contenir trois hommes en leur permettant de circuler ou de s’allonger côte à côte, mais c’est néanmoins un espace très restreint.


Elle ne symbolise pas seulement une cellule de prison, elle est une cage, et devrait évoquer des images d’animaux sauvages en captivité. Plus largement elle représente aussi nos vains efforts pour contenir nos peurs…de l’inconnu, de l’étranger…de ce qui est différent de nous-mêmes.


Les trois femmes qui apparaissent comme personnages dans la pièce, symbolisent la présence féminine, la moitié manquante des hommes sur la scène, leurs partenaires, compagnes, supporters infaillibles. Elles évoquent aussi la terre et les légendes d’Haïti.


Ces trois personnages seront joués par une seule actrice. Au fil de l’action elle devient le miroir du personnage masculin qui l’invoque. Chaque femme apporte avec elle son univers de chants et de danses. Toutes les chansons sont chantés « live » en créole haïtien.


La lumière est largement autonome avec des projecteurs sur pieds ou sur le sol et des sources mobiles à l’intérieur de la cage (bâton de lumière, torches…). L'éclairage est complété par des images vidéo projetées de l'avant de la scène sur le fond de la cage. Les images sont d'un style onirique, elles commencent au début de la pièce avec une tempête à la fois réelle et métaphorique qui évoque la Tempête de Shakespeare (et d'Aimé Césaire). Par la suite, elles apparaissent dans chaque enchaînement entre les cènes dans la cage et durant les scènes des femmes. Ce sont des images d'Haïti inspirées par un réalisme magique.

Michael Batz

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