Depuis plusieurs années, notoire porte comme manifeste le texte d’Hermann Broch Un mépris singulier, manifeste politique et artistique, à revoir sans cesse au regard de l’actualité (c’est aussi le texte “ fondateur ” du Parlement International des Ecrivains, mis en exergue par trois cent auteurs du monde entier).

La Bibliothèque Censurée (spectacle inaugural) était articulée sur la première partie de cet écrit, à la fois dans le choix des œuvres littéraires : témoignages sensibles, essais publiés par les auteurs, et dans la pertinence d’une théâtralité “ publique ” : leçon de poétique, débats, interviews, conférences, etc.

La Bibliothèque censurée, intitulée en enfer, est pensée autour de la deuxième partie de ce texte, où Hermann Broch pose cette question essentielle du “ meurtre de la pensée ” - Broch, auteur visionnaire a prononcé cette conférence “ viennoise ” en 1934 quelques mois après sa sortie de Dachau :

L’idée d’un “ monde plein de voix, enchevêtrées comme l’enchevêtrement des voix dans un haut-parleur qui fonctionne mal, des voix qui se dominent, se couvrent mutuellement, toutes déchaînées en même temps, tohu-bohu de langages, d’opinions, (...) de dialogues de sourds ”, voix qui accompagnent, avec innocence et perversité, le meurtre de la pensée ...

L’ironie, présente dans le travail de notoire sur la Bibliothèque Censurée (spectacle inaugural), sorte de contrepoint au lyrisme des oeuvres - contre le pathétique -, a souvent crée une distance “convenable” à l’égard de la politique, et en fin de compte à l’égard du théâtre...
Mais, là, avec ce travail, plus d’ironie…

Thierry Bedard
Extrait d’interview / www.autodafe.org (Parlement International des Écrivains)