theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « L'Imitateur »

: Extraits

UN AUTEUR PEU COMMODE
Un auteur qui n’a écrit qu’une pièce de théâtre, dont il n’a autorisé qu’une unique représentation sur ce qui était – à son avis – la meilleure scène du monde, par – toujours à son avis – le meilleur metteur en scène, et – encore à son avis – les meilleurs acteurs du monde, s’était, pour la première, avant le lever de rideau, posté à la place du balcon qui s’y prêtait le mieux, mais ne pouvait être vue du public, et il avait pointé le fusil-mitrailleur spécialement construit à son usage par la firme suisse Vetterli, et, une fois le rideau levé, il logeait une balle dans la tête à tout spectateur qui – à son avis – riait à contretemps. A la fin de la représentation, il n’y avait plus dans la salle de théâtre que des spectateurs exécutés par lui, et donc des spectateurs morts. Pendant toute la représentation, les acteurs et le directeur du théâtre ne s’étaient pas laissé distraire un instant par cet auteur peu commode et l’événement qu’il avait créé.


L’IMITATEUR
L’imitateur qui avait été invité hier soir par l’Amicale des chirurgiens s’était, après la représentation au palais Pallavicini, où l’Amicale des chirurgiens l’avait invité, déclaré prêt à venir avec nous au Kahlenberg, pour, là aussi, où nous avons une maison toujours ouverte à tous les arts, montrer ses talents, bien entendu moyennant cachet. Nous avions demandé à l’imitateur, originaire d’Oxford en Angleterre, mais qui était allé à l’école à Landshut et qui avait commencé comme armurier à Berchtesgaden, de ne pas se répéter au Kahlenberg, mais de nous présenter un programme entièrement différent de celui de l’Amicale des chirurgiens, et donc d’imiter au Kahlenberg des voix entièrement différentes de celles qui l’avait imitées au palais Pallavicini, dans un programme qui nous avait tous enthousiasmés, et il nous l’avait promis. Et effectivement, l’imitateur nous avait imité au Kahlenberg des voix, plus ou moins connues, tout autres que celles qu’il avait imitées au palais Pallavicini, devant l’Amicale des chirurgiens. Nous pouvions aussi exprimer des désirs que l’imitateur mettait la meilleure grâce du monde à satisfaire. Mais quand nous lui avons suggéré d’imiter, pour finir sa propre voix, il a dit que cela, il ne pouvait pas le faire.


HOTEL WALDHAUS
Nous n’avions pas eu de chance avec le temps, et nous avions eu à notre table des commensaux répugnants sous touts les rapports. Ils nous avaient même dégoûtés de Nietzsche. Même après leur accident de voiture, alors que leurs cercueils attendaient dans l’église de Sils-Maria, nous continuions à les détester.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.