Il s'agit de la première mise en scène en France d'une pièce du Suédois Henning Mankell, écrivain de renommée internationale mais méconnu en France. Celui-ci est l’un des maîtres incontestés du roman policier dont l’oeuvre multiforme peut être comparée à celle de Georges Simenon par sa justesse psychologique et l’acuité du regard qu’elle porte sur nos sociétés contemporaines, dont il brosse le portrait à travers le crime.

Ce texte s’adresse à un public de 10 à 100 ans.

La pièce de Mankell traite du passage du monde de l’enfance au monde adulte et de ce fait s’adresse tout particulièrement à des jeunes gens (à partir de 10 ans). Elle nous donne à voir les difficultés, les tourments que peuvent rencontrer les jeunes gens qui affrontent les transformations de l’adolescence, particulièrement dans un monde en perte de repères. La pièce se présente à la fois comme un rejet et une initiation au monde des adultes. Bâtie autour d’une intrigue prenante et d’une tension croissante, elle s’appuie sur une écriture simple et accessible, parfois rude, mais aussi sur des situations et des personnages fantasques et poétiques. Elle développe les thèmes de l’injustice, de l’inégalité sociale, de l’affirmation de soi, du désir de devenir un être inoubliable, de la fascination et de la perte du libre – arbitre que cet état induit. Je pense que le théâtre est un lieu où l'on peut débattre de ces questions, qui nous concernent tous.

L'écriture de Mankell mêle réalisme fantastique et poésie dans un style très épuré. Cette qualité lui permet d'aborder sans détour la violence des situations, tout en la dépassant par la puissance esthétique et poétique des images évoquées.

La mise en scène, tout en s'appuyant sur la tension dramatique et la richesse thématique de la pièce, s'attachera à restituer sur le plateau la qualité visuelle de l'écriture et des situations. Je veux mettre en contraste la cruauté croissante des actes auxquels se livrent les deux jeunes protagonistes de la pièce, pris dans un rapport de domination - fascination, avec la beauté visuelle de l'espace. Je veux parler à un public jeune de problèmes qui le touchent tout en ouvrant son imaginaire par l'esthétique du théâtre. Je crois que nous pouvons mieux parler des difficultés et de la violence du quotidien si nous faisons rêver ceux qui les traversent.

Nous avons tous un jour été fascinés par quelqu'un ou quelque chose pour le meilleur ou pour le pire. La fascination peut faire perdre la liberté et faire du fasciné l'objet de manipulation, à l'image du héros de la pièce. Elle peut aussi élever comme une oeuvre d'art le fait parfois et nous aider à prendre du recul sur le sens de notre vie, sur nos pulsions destructrices. Ce sera mon défi.

Blandine Savetier