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: Note d'intention

Je ne sais pas ce que je produis, et par suite je n’ai pas le sentiment d’avoir produit, mais de m’être épuisée à vide… Je dépense ici ce que j’ai de meilleur en moi, ma faculté de penser, de sentir, de me mouvoir. Et pourtant je n’ai rien mis de moi-même dans mon travail, ni pensée, ni sentiment… Ma vie même sort de moi sans laisser aucune marque autour de moi et la paie qu’on attend semble plutôt une aumône que le prix d’un réel effort.
Simone Weil, Journal d’Usine.


À BRAS LE CORPS commence un matin, comme ça, dans une grande entreprise ou sur un plateau de théâtre, c’est selon. Une équipe de ménage arrive et découvre l’ampleur d’une fête passée… Elle s’arrête devant l’horreur de ce qu’ils et elles devront nettoyer pour les autres… Les restes d’une fête d’entreprise à laquelle ils et elles, comme bien souvent, ne furent pas invité(e)s…


À BRAS LE CORPS commence en silence, comme il en est à couper au couteau, par des corps au travail. Puis l’un, pendant que les autres continuent, va venir ouvrir une parole, sa parole pour raconter son expérience… Suite à des « déconvenues » (appelons ça comme ça) il a perdu ses droits à l’indemnisation chômage… Il a alors dû faire des ménages dans les maisons bourgeoises de Lyon pour « survivre » comme il dit… Il va donc se mettre à raconter son histoire durant laquelle il a tenu un journal. Puis il va commencer à faire un parallèle avec la philosophe Simone Weil dont la lecture l’a accompagné durant cette année de travail ménager.


Le reste de l’équipe va alors se mettre à lui parler, va tenter de lui redonner joie et confiance dans l’avenir… Ils et elles vont se mettre à inventorier les difficultés du travail, de l’hyper- flexibilité, du sens du travail, de la valeur du travail. Ils et elles vont faire leur les mots de Simone Weil et s’atteler à cette tâche À BRAS LE CORPS.


Et alors, à force de nettoyer les idées toutes faites et tandis que rien ne laissait supposer qu’une équipe de ménage se mette à balayer devant sa porte, elle va prendre À BRAS LE CORPS les problématiques liées à leurs conditions. Elle va les agiter énergiquement en tous sens afin de tenter d’apercevoir un peu de soleil amical sous les nuages noirs du management actuel.


À BRAS LE CORPS sera donc cette rêverie réaliste et idéaliste qui balaiera, entre réalité et fiction, les contradictions des conditions de travail et le quotidien des travailleurs. Ces personnes « rincées » par la vie vont encore pourtant trouver une énergie folle pour faire le ménage dans leurs conditions d’existence, pour « ré-aménager » le sens de leurs actes, pour retrouver de la valeur à leur travail, à leurs paroles, à leurs yeux.


Elles vont s’emparer À BRAS LE CORPS de leur propre existence afin de ne laisser à personne d’autre le soin de penser à leur place, de décider pour elles de ce qui est juste, de ce qui est bien, de ce que pourrait être un travail qui ne blesse pas, qui n’humilie pas le travailleur. De la réalité à l’utopie elles vont dépoussiérer par la pensée ce que pourrait être une révolution, elles vont réaménager, de la cave au grenier, leurs certitudes sur ce besoin d’exister au sein d’une société devenue aveugle et sourde à la douleur de ceux et celles qui lui lavent les pieds, de ceux et celles qui nettoient jusque dans leur chair et en permanence les déchets idéologiques d’une société libérale, capitaliste et bureaucratique.


Travail, Amitié, Joie, Révolution, Justice, Amour même… Dans un rapport au public fraternel, tous ces thèmes seront lessivés, essorés, frottés À BRAS LE CORPS pour les « dé-tacher », les « dé-crasser » de nos yeux d’habitudes, de nos gestes usés, de nos pensées de cotillons…

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