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J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce
mise en scène Joël Jouanneau

: C’est toujours l’homme à la hache que je vois

J’ai peu connu Jean-Luc Lagarce. Une belle et brève rencontre au Jardin d’hiver après la lecture de sa pièce Retour à la citadelle, un regard ou une poignée de main échangés au hasard d’une représentation théâtrale, bref, le simple respect de rituels, et c’est déjà ça. Puis, à l’Athénée, alors que je mettais en scène dans la petite salle La Dernière bande de Samuel Beckett, avec David Warrilow, ce devait être en 1992 je crois, lui, Lagarce, dans la salle Louis Jouvet, travaillait à la reprise de la mise en scène de L’Ile aux esclaves de Marivaux. David et lui étaient alors confrontés à la même et incurable maladie. Et c’est après qu’il ait vu La Dernière bande, après que nous en ayons longuement parlé (il avait le regard et la voix de ceux qui ne sont déjà plus tout à fait de notre monde), dans la nuit qui suivit, que je fis ce rêve étrange : j’étais dans une forêt, épuisé, une hache à la main, et lui, cet homme malade, apparaissait comme on apparaît seulement dans les rêves, prenait la hache, et avec un grand rire et une force incommensurable, il abattait les arbres, ouvrant en peu de temps une clairière devant moi. David Warrilow est mort depuis, et Jean-Luc Lagarce aussi, la même année, mais aujourd’hui encore, quand je vois une photo de lui, c’est toujours l’homme à la hache que je vois.

Joël Jouanneau

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