J’ai trop trimé, travail de femmes, paroles de femmes a volontairement privilégié la thématique du travail, dans un contexte réputé de plus en plus concurrentiel, suscitant chômage, précarité et fragilités : « la misère du monde » décrite par Bourdieu. Il me paraissait également important de donner la parole à des femmes, dans une société qui prône l’égalité et la parité sans toujours s’en donner les moyens. Interroger des femmes au travail, en poste ou chercheuses d’emploi, me semblait la meilleure façon de ne pas se satisfaire d’idées reçues, et d’explorer, par des récits plutôt que des discours, des réalités diversifiées.

Le projet a proposé aux participantes un temps d’échange et de partage de leurs expériences face au travail. Se sont ainsi croisées les paroles de femmes de tous âges, toutes origines, tous parcours professionnels, toutes situations face à l’emploi. Une telle diversité était volontaire : elle visait à ne pas réduire les femmes à leur catégorie sociale ou professionnelle, à ne pas les enfermer dans un déterminisme qui n’est parfois que le reflet de nos projections ou préjugés.

Je salue le courage de leur prise de parole.

Elles ont pris la parole pour évoquer le monde du travail, leur monde du travail. Au fil des rencontres, elles ont mêlé leurs mots et leurs voix, brossant un tableau sans fard de leur condition de femmes au travail.
C’est l’occasion de faire émerger, sur la place publique, la parole privée de celles qui n’ont pas toujours droit à la parole.
C’est enfin le moyen de faire découvrir les différentes facettes d’un monde du travail sans concessions, à travers des témoignages toujours empreints d’une grande dignité.