: Note d’intention
La Beat Generation, c’est une génération foutue, vagabonde, inspirée de la génération perdue,
“beated”, mais c’est aussi un “être à vivre, le tempo à garder, le battement du coeur “, un rythme
général, celui des pagayeurs, des batteries, des voyageurs clandestins au bord des trains.
Nous (LA RICOTTA), on voudrait refaire entendre ces voix vibrantes, ces voix hilares, ces voix libres, non
matérialistes, non conformistes, non bourgeoises, et tellement vivantes.
Pourquoi ? parce qu’on se sent perdu aussi, X génération, et qu’on cherche un rythme et qu’on a envie
de brûlure dans la voix et d’électrochoc fraternel. Parce que cet impact poétique nous touche encore.
Parce que le fait que la société de consommation – apprivoisant, hygiénisant, recyclant - se soit si bien
accommodée d’un mouvement contre-culturel qui lui était opposé, nous touche peut-être plus encore.
C’est pourquoi il n'y a pour nous, pour moi, aucune nostalgie d’une époque que nous n’avons pas
vécue mais plutôt le désir d’une secousse rock (et pas pop !) qui ébranle les utopies autant qu’elle les
stimule.
Avant toute chose, la 66 Gallery[1] est un dispositif très mobile, une installation plastique. Plongés dès
leur entrée dans une ambiance sonore qui mixe des sons d’archives et les accords rock de « the ballad
of the skeletons » composée par Mac Cartney et Ginsberg, les spectateurs sont invités à boire un verre
de saké (boisson orientale !).
Au cours de ce petit préambule, des images documentaires sont projetées, qui mettent en scène
Ginsberg dans ses activités subversives (manifestations), intellectuelles (interviews cultes notamment
celui concernant la télévision), musicales (démonstration à l’harmonium). A l’occasion de cette brève
introduction en forme de ciné-concert, le spectateur découvre Ginsberg en personnage, à l’action sur
différentes scènes artistiques et historiques.
Puis Douglas Rand, acteur et poète sonore, fait résonner au micro le poème de Ginsberg en américain
et en français.
La partition poétique est alors recomposée entre les deux langues de façon musicale passant de façon
très fluide de l’une à l’autre. L’américain donne le « beat » essentiel à l’énergie, à la pulsation du
poème, aux images sonores, tandis que pour un public non anglophone, le français nous amène dans
une rêverie visuelle. Dans le même temps, l’accent américain de Douglas amène sans arrêt le français
ailleurs, dans des sonorités décalées, voyageuses.
La performance poétique de Douglas est entièrement accompagnée par la performance musicale de
Jean-Damien Ratel qui joue de l’ordinateur et d’un instrument original, le « Moloch Amédée » conçu
pour l’occasion. Le souffle de cet instrument vibrant et percussif est repris par des capteurs et mixé
avec des sons appartenant au scénario sonore de Howl (moteur, métro, train, crashs, sifflement rock n’
roll entendus à la radio, jazz dans les clubs, ping-pong interminables…)
Entre les parties du poème, de courtes séquences sont investies uniquement, hors des mots par la
rencontre entre des variations physiques de Douglas et musicales de Jean-Damien, entraîné aussi dans
l’action physique par ses mouvements en osmose avec son instrument.
Notes
[1] 66 Gallery réinvente de façon ludique la Six Gallery dans laquelle Ginsberg a dit Howl et fait un clin d'oeil la Route 66 qu'il a emprunté.
Bérangère Jannelle
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.