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Accueil de « Hiver »

: Espace et point de vue

« Autrefois il y avait des truites de torrent dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d’ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l’eau. Elles avaient un parfum de mousse quand on les prenait dans la main. Lisses et musclées et élastiques. Sur leur dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D’une chose qu’on ne pourrait pas refaire. Ni réparer. Dans les vals profonds qu’elles habitaient toutes les choses étaient plus anciennes que l’homme et leur murmure était de mystère. »
Texte extrait de « La route » de Cormac McCarthy



L’espace d’ « Hiver » est une concrétion du temps, de la compassion et de la sauvagerie. C’est un endroit de la lutte et de la victoire du sens sur la barbarie. Un lieu d’ombre et de lumière, ou plus véritablement, le lieu du chaos et de la naissance. Comme une serre où poussent des plantes, où se préserve la vie de la nature. Au centre de cet espace de métal et de transparence lumineuse existe une rivière. C’est la rivière dans laquelle s’est noyée la vraie mère de l’enfant.


Le texte de Zinnie Harris est quasiment inconnu en France et il me semble nécessaire de privilégier une grande proximité avec le public pour le lui faire découvrir. Je pense que c’est en étant « dans » le texte de la pièce que l’on peut en recevoir la qualité d’écriture, tout comme c’est en étant « collé » au jeu des acteurs que l’on pourra en percevoir toute la dimension symbolique. Le procédé métaphorique employé par l’auteur doit être « vécu de plein fouet » par l’auditoire. C’est pourquoi je construirai une proximité entre acteurs et spectateurs : le point de vue des spectateurs devra être proche de celui de l’auteur, c’est-à-dire au cœur des problématiques de la pièce, au centre du processus narratif.
Des images seront projetées sur l’espace scénique. Ce seront les images des rêves et du passé des personnages : la noyade dans la rivière de la sœur jumelle, un poisson, une truite qui nage en liberté, un visage humain qui nous fixe des yeux sous l’eau, les plantes qui repoussent, une nature qui se remet à vivre. Les passages du texte qui se situent dans la maison seront joués dans un mobilier minimaliste. Pas de murs, simplement quelques meubles qui figurent un espace intérieur, posés sur cette surface de bois.
Le texte est peuplé de matières : sable, chaux, terre, métal, ciment, béton, papier, bois, plantes, eau … Ces matières sont autant de motifs symbolisant les thèmes qui constituent la dramaturgie de la pièce, sa structure : violence, douceur, passion, mensonge, amour, guerre, paix, double, cécité, vérité, noirceur, lumière … Je travaillerai à la cohabitation de ces lignes de force dans le jeu des acteurs mais aussi dans l’espace et l’esthétique des costumes. Les lumières et le son viendront épouser ces recherches et les amplifier.

Guy Pierre Couleau

juin 2010

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