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Happy Family

mise en scène Dominique Pattuelli

: Extrait d’une rencontre avec Alessandro Genovesi

Happy Family est ton premier texte ?


Oui, c’est mon premier texte. Même si Je suis acteur depuis des années. Je n’ai jamais fait d’école officielle. J’ai commencé à travailler assez jeune avec la Compagnie Egumteatro (Annalisa Bianco et Virginio Liberti). Puis après une série d’expériences dont une création avec François Tanguy au Mans, j’ai rejoint, il y a dix ans, le théâtre de l’Elfo à Milan dirigé par Elio de Capitani et Ferdinando Bruni. J’ai aussi travaillé avec Luca Ranconi. En fait je collabore avec qui m’appelle, si le projet me plaît évidemment.


D’où est née l’exigence d’écrire ce texte ?


Ça n’a pas vraiment été une exigence. Ça faisait trois ans que par envie de faire et par nécessité de gagner ma vie, je travaillais comme un fou sans jamais m’arrêter. Je suis arrivé à un point de saturation. En 2004, j’ai décidé de souffler, de prendre du temps, de lire. Les deux premières semaines ont été fantastiques. Je nettoyais la maison, cuisinais, faisais les courses, lisais. Après j’ai pété les plombs. Si tu ne fais rien, tu n’es rien et en plus, les choses que tu gardes enfouies au fond de toi ressurgissent. J’avais un problème physique d’énergie à dépenser. Je faisais donc des kilomètres à vélo et je pensais. J’ai commencé à écrire et en un mois, j’ai fini Happy Family. Le matin, je faisais du vélo, l’après-midi j’écrivais et le soir, je faisais à nouveau du vélo et pensais … Ça a été une belle période. La crise a produit ce texte et un an plus tard, je me suis retrouvé à Riccione et j’ai reçu le prix. Je suis très content.


Tu l’as écrit en pensant le jouer ? Le monter ?


Non. J’ai commencé à écrire sans savoir si ça allait devenir une pièce, un roman ou un scénario. Ce que je voulais, c’est que quiconque le lise éprouve du plaisir. Qu’il soit stimulé et continue à lire jusqu’au bout en s’amusant et en s’identifiant aux personnages. En l’écrivant, je suis entré dans un monde à part, je me suis extrait de la société.


Tu as une grande expérience théâtrale et pourtant ce texte est très proche du roman. Les pensées des personnages, leurs attentes, leurs commentaires … tout cela est très littéraire.


L’histoire de Happy Family est très simple : début, développement et fin. Les portes que j’ai ouvertes se ferment à la fin. Ce qui m’intéressait encore plus que la structure, c’est un style. Je crois que le texte est entre le théâtre et le roman. C’est à celui qui le met en scène de choisir son registre. Il y a beaucoup de lectures possibles. Les narrations peuvent être utilisées et représentées de différentes manières. L’écriture théâtrale contemporaine que je préfère est celle qui laisse mille voies ouvertes. Je lis énormément. Surtout des romans car j’aime le mode narratif. Mais je crois surtout dans les oeuvres qui parviennent à mélanger les genres. Les compartiments sont terribles. Pourquoi catégoriser ou subdiviser le théâtre, la danse, la danse-théâtre, etc. Un mélange n’est pas obligatoirement un minestrone, même si j’aime le minestrone et que bien préparé, il est l'un de mes plats préférés …


Ce texte a quelque chose de rare. Tout en étant une comédie avec un happy end, il n’est jamais consolateur. Il décrit avec une pointe de cynisme un quotidien désolant et pourtant vital.


Il est né quand j’étais très mal. Je souffrais de crises d’angoisse. Tout le monde me connaissait aux urgences ! Mais je parvenais toujours à garder une distance ironique et m’extraire de ce qui m’arrivait pour m’observer. C’est ce qui m’a sauvé. Voir les choses de l’extérieur me fait toujours beaucoup rire. C’est dans mon caractère. Si tu trouves la distance juste avec ce qui t’arrive, tu peux rire. Mais attention, il ne s’agit pas de faire un soap-opéra. C’est juste un constat.


Mais tu flirtes avec le genre télévisuel ?


Oui, je joue avec les principes du soap-opéra que je trouve très intéressants. C’est un mélodrame où toutes les X minutes, quelque chose se passe. Pense à la force que ça a ! Pense au nombre de personnes qui restent calées devant leur écran.


Et puis, il y a avec “Moi”, l’auteur du texte, un court-circuit entre les parties mi-narratives, mi-théâtrales.


“Moi”, c’est l’unique personnage réel. Il est exactement ce qui m’arrivait quand j’écrivais. Je pensais aux personnages, je les écrivais, puis ils avaient et ont toujours d’ailleurs, une vie propre. Ils peuvent aussi bien être réels que le fruit de mon imagination. C’est pourquoi les possibilités sont multiples et que le champ d’interprétation est ouvert. C’est à la mise en scène de choisir ses modes pour transmettre cette dynamique.


C’est important une écriture théâtrale contemporaine, jeune ?


Je pense qu’il y a un changement générationnel fort et qu’il existe des identités précises. La culture italienne est différente de l’allemande, qui est différente de l’anglaise … Je ne crois pas que la dramaturgie soit en crise. Il y a beaucoup de nouveaux auteurs. Le plus difficile est qu’ils soient portés à la scène.


Livret du spectacle - Théâtre Varia

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