Le climat de Happy Family pourrait évoquer un « family day » pendant que toutes les institutions s’effritent dans un climat de comédie. Mais c’est aussi une oeuvre délicate sur l’amour. Là où Alessandro excelle, et ce qui en fait un auteur révélation, c’est sa capacité à mettre à jour les détails des sentiments, à en jouer avec adresse, à susciter une émotion pour ensuite l’abandonner et la reprendre à nouveau, passant en une seconde du comique à l’émouvant, avec délicatesse, presque sans qu’on s’en aperçoive. Cette pièce montre des hommes et des femmes d’âges différents à des moments différents de leurs vies. Ce qui les unit ce sont l’amour et la peur, ou plutôt leur besoin d’amour et les angoisses générées par leurs peurs. On dévoile peu à peu leurs fuites, leurs combats, leurs croyances.

La pièce prend une forme hybride, écrite au départ pour être un roman, elle fluctue entre les formes, tantôt narrative, tantôt dialoguée ; des monologues de personnages cèdent la place à de brèves scènes dialoguées ou une grande scène de groupe. L’écriture mélange habilement les registres, même si l’auteur précise qu’il s’agit avant tout d’une comédie. On retrouve dans Happy Family de la légèreté, du cynisme où pointe malgré tout un certain optimisme : on peut rire de tout ça ! Malgré son cynisme, Alessandro a encore foi en l’Homme et c’est ce qui fait la beauté de cette pièce, elle n’est pas critique, elle n’a pas de réponse, c’est tout.