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Graal Théâtre - Merlin l'Enchanteur


: Note d’intention

« Le conte dit toujours vrai. Ce que dit le conte est vrai parce que le conte le dit. Certains disent que le conte dit vrai parce que ce que dit le conte est vrai. D’autres que le conte ne dit pas vrai parce que le vrai n’est pas un conte. Mais en réalité ce que dit le conte est vrai de ce que le conte dit que ce que dit le conte est vrai. Voilà pourquoi le conte dit vrai. »
Merlin


Le Graal Théâtre est une oeuvre dont l’écriture s’est élaborée sur 30 ans. Rédigée par deux auteurs, elle demande, pour être réalisée sur scène, un temps, une distribution, une patience hors norme. Les vertus de l’obstination, de la fidélité, de l’humilité sont requises.


Ainsi, il n’était pas pensable de l’envisager avec les forces seules d’une institution ou d’un metteur en scène. Comme elle fut écrite, elle sera mise en scène, au moins à deux, chacun amenant sa part de travail, deux anonymats au rendu final : peu importe l’auteur du détail pour autant que l’édifice tienne. Et c’est par l’achèvement que sa clef définitive peut être rendue. Cette réalisation est au sens propre une quête, prévue sur quatre ans, chaque année livrant son épisode. Elle réunira deux équipes d’acteurs, les compétences techniques, administratives, artistiques de deux maisons, le Théâtre National de Strasbourg et le Théâtre National Populaire.


La matière et la démarche magnifient les traditions des deux maisons réunies : la dimension populaire du sujet évoquée dès ses nombreux titres Merlin, Gauvain, Perceval, Lancelot, Morgane, Guenièvre, etc. et l’audace de la conception : tisser sur le long terme les complicités possibles des deux institutions.


Il y a au fond de ce projet, comme une Table Ronde du théâtre, une abolition des lignes de pouvoir, l’affirmation d’un effacement au bénéfice du texte. Une sorte d’utopie qui tient tout entière dans l’ignorance de son aboutissement.


Il faudra donc attendre l’ultime épisode pour réinterroger l’ensemble de la réalisation et par une connivence nécessaire avec le public, établir la relativité de chaque épisode proposé. Ainsi, d’ores et déjà, nous savons que la mise en scène de Merlin l’Enchanteur modifie la perspective de la reprise de Joseph d’Arimathie, premier épisode créé la saison dernière. Et nous savons que Gauvain et le Chevalier vert, réalisé pendant la saison 2012-2013, nous obligera à retravailler les deux épisodes précédents et ainsi de suite jusqu’à La Tragédie du roi Arthur.


Merlin l’Enchanteur est le récit de la naissance, de la vie et du suspens de Merlin. Suspens et non mort puisque son image et son influence perdurent alors que son corps n’est plus. C’est durant ce récit qu’il initiera Arthur à sa destinée, qu’il luttera contre la fée Morgane, et qu’enfin il succombera à la fée Viviane. Ce récit se déroule selon trois modes narratifs distincts : le mode épique, les scènes s’enchaînent sans précaution de lieu, de temps ou d’actions ; et c’est alors la rapidité et la qualité de l’ellipse qui font l’efficacité. Le mode conté, le récit se déroule en toute conscience des acteurs de leur fonction de narration et de jeu ; l’efficacité tient à la connivence établie avec le public. Enfin, le mode onirique où le récit se déploie avec tous les moyens de l’illusion ; l’efficacité est ici machinique et relève d’une apologie de la théâtralité.


L’espace sera unique : un plateau complété par les machineries propres au théâtre (tampons, cintres, machines en tout genre) ; les costumes entretiendront un rapport ironique entre le contemporain et l’historique de convention. A ce propos, il ne faudrait pas entendre ici un second degré inscrivant maladroitement notre travail dans le merveilleux héritage anglais de la quête du Graal selon les Monty Python. Ce qui est anglais est anglais, et une version française de ce modèle éviterait peu une sorte d’apologie du cancre. Le merveilleux sera notre fondement et les effets de distance humorisés auront pour fonction de faire résonner avec délicatesse la distance spirituelle de notre capacité.

L’équipe du Graal Théâtre

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