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Femme Capital

mise en scène Mathieu Bauer

: Note d’intention

Sylvain Cartigny : conception, montage, musique

Ayn Rand est née en Russie en 1905. En 1926, fuyant le bolchévisme antisémite elle traverse l’Atlantique et découvre le nouveau monde, l’Amérique, là où elle aurait dû naître. Elle laisse derrière elle l’Europe décadente, sa longue histoire, son dieu, ses démons collectivistes et sa morale sacrificielle. L’océan balaye tout. Là elle peut naître à elle-même, d’elle-même, être le début plutôt que l’accomplissement, l’être autosuffisant, vierge de toute dette envers le genre humain (sauf peut-être envers Aristote, malgré ses erreurs dit-elle).


Ayn Rand s’est imposée avec deux romans devenus des classiques aux États-Unis - et quelques textes théoriques – comme une figure du mouvement libertarien. Défenseuse du capitalisme le plus débridé, de l’État minimal, de l’individu contre la société, détestant le collectivisme et l’altruisme, elle était aussi militante pro-avortement, athée affirmée et profondément antiraciste. Star des campus dans les années 60 et 70, elle demeure encore aujourd’hui, 25 ans après sa mort, l’auteure d’une œuvre très influente dans la vie intellectuelle américaine. Je me suis aperçu qu’en France, très peu de gens connaissaient Ayn Rand. Or, pour combattre quelqu’un, il faut le comprendre, le connaître, sinon on le subit. Je propose, avec ce spectacle, de donner quelques clefs pour inviter à se renseigner plus avant sur une œuvre qui distille un poison presque invisible à de nombreux niveaux des politiques industrielles et publiques actuelles.


Stéphane Legrand met toute son énergie à essayer de comprendre cet être hybride, cette « anamorphose vivante », produit de la jeune utopie individualiste et libérale américaine et de la longue histoire européenne. L’auteur s’efforce de raconter Ayn Rand « au moyen des recours hybrides du récit et de l’essai, comme le symbole d’une expérience historique qui pourrait bien nous concerner plus que jamais : celle du capitalisme comme mystique, de l’avidité comme morale, et de la réalité comme fiction majoritaire.». C’est cette farouche quête de compréhension et cette énergie qui m’ont donné envie de faire entendre et de mettre en musique ce texte.


Ayn Rand, post-mortem (à sa grande surprise, elle est morte), sur scène, en vamp hollywoodienne des années 30, se revit avec les mots de Stéphane Legrand. Elle scrute les moindres détails, s’examine sous toutes les coutures, sans complaisance mais avec une certaine tendresse, pour une fois. Elle veut savoir comment elle a pu séduire, hypnotiser une grande partie du monde avec le seul mantra de la peur de l’autre et du monde, avec l’idée que la domination est le seul rapport viable avec l’extérieur. Quelle meilleure réponse lui apporter que d’embrasser toutes les facettes de son œuvre et de sa personne. De prendre le temps de l’écouter.

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