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Erik Satie - Mémoires d'un amnésique

+ d'infos sur le texte de Agathe Mélinand
mise en scène Agathe Mélinand

: Eric Alfred Leslie Satie, dit Erik Satie

Enfant, je suis entré dans vos classes ; mon esprit était si doux que vous ne l’avez pu comprendre ; et ma démarche étonnait les fleurs… Et malgré ma jeunesse extrême et mon agilité délicieuse, par votre inintelligence vous m’avez fait détester l’Art grossier que vous enseignez ; par votre dureté inexplicable, vous m’avez fait longtemps vous mépriser. Maintenant que toute la végétation extérieure est en moi, je vous absous de vos fautes à mon égard.
Erik Satie


Né le 17 mai 1866 à Honfleur (Basse-Normandie) de Leslie Anton d’origine écossaise et d’Alfred Satie courtier maritime normand. Il est élevé dans la religion anglicane, puis, après la mort de sa mère (1871) dans la religion catholique. Il reçoit ses premières leçons de musique de l’organiste de l’église Saint Léonard de Honfleur, ancien élève de l’école Niedermeyer, voué à l’étude du grégorien mais aussi compositeur de valses lentes.
À l’âge de douze ans, il suit son père à Paris, à présent traducteur pour une compagnie d’assurance, et qui s’est remarié avec la pianiste et compositrice Eugénie Bametche, de dix ans plus âgée que lui. Il fréquente le Conservatoire national de musique et de déclamation de 1879 à 1886 avec des résultats décevants. Pour pouvoir démissionner du Conservatoire, il se porte volontaire pour le service militaire auquel il parviendra à échapper un peu après, grâce à une pleurite contractée en exposant délibérément sa poitrine nue à une froide nuit d’hiver.
En 1887 son père Alfred Satie, qui s’est improvisé entre-temps éditeur de musique, publie ses premières mélodies. Il quitte néanmoins peu après sa famille pour s’installer au pied de Montmartre, où il fréquente assidûment le Chat Noir, accompagnant son théâtre d’ombre à l’harmonium ou en dirigeant l’orchestre de ce cabaret.
En 1888, il compose trois Gymnopédies qui seront orchestrées par Claude Debussy, et qui restent ses oeuvres les plus jouées à ce jour. En 1891, le Sâr Péladan, Grand Maître de la Rose+Croix, le nomme « maître de chapelle» de son Ordre. En cette qualité, il compose plusieurs oeuvres pour les soirées de la Rose+Croix qui auront lieu dans le cadre d’une exposition de poésie symboliste à la Galerie Durand-Ruel (Les Sonneries de la Rose+Croix, Le Fils des Etoiles…).
Quelques mois plus tard, il se sépare de Péladan et compose en collaboration avec le poète J.P. Contamine de Latour le ballet chrétien Uspud, qui fera l’objet d’une édition illustrée par un portrait des deux auteurs, dessiné par Suzanne Valadon. En 1893, il a une brève mais très intense liaison avec cette dernière. Il compose Danses gothiques qui anticipe, entre autres, les recherches graphiques d’Un coup de dés jamais n’abolira le hasard de Mallarmé, ainsi qu’une partition minuscule, Vexations, destinée toutefois à être jouée 840 fois de suite, c’est à dire, selon le tempo choisi, de 12 à 24 heures environ. Découverte longtemps après sa mort par John Cage, Vexations donnera lieu à d’innombrables marathons pianistiques dans le monde entier.
Il enrichit désormais ses partitions d’indications de jeu « personnalisées » qui surprendront par leur poésie et leur fantaisie.
Après sa séparation de Suzanne Valadon, il fonde « L’Église métropolitaine d’art de Jésus-Conducteur », destinée à combattre la société par les moyens de la musique et de la peinture. En tant que chef de cette église (dont il restera le seul adepte), il lance des anathèmes contre les personnalités les plus en vue du Tout-Paris. Il compose une Messe des Pauvres pour les cérémonies de son église qui ne pourraient d’autre part avoir lieu que dans l’exigu « Placard » qu’il est réduit désormais à habiter au 6 rue Cortot.
Vers 1898, il abandonne d’un jour à l’autre la « musique à genoux » pour se consacrer au Caf’ Conc’ et au music-hall. Il troque la lévite de l’homme d’église pour un complet de velours acheté à sept exemplaires identiques qu’il portera sept ans durant.
Pour des raisons économiques, mais aussi pour retrouver le contact avec un public populaire, il déménage dans la banlieue-sud de Paris, à Arcueil-Cachan.
Quelques années plus tard, il y fera son apprentissage politique, s’inscrivant d’abord au parti radical-socialiste, puis après l’assassinat de Jaurès, à la S.F.I.O., et enfin, après le Congrès de Tours, au parti communiste. Il veillera aussi aux loisirs des enfants défavorisés de la commune, en leur donnant des cours de solfège et en les amenant en promenade, les jours fériés, par classes entières.
En 1903, il fait le point sur sa production des dernières années, en composant avec des fonds de tiroir, Trois Morceaux en forme de poire. Ce titre insolite fera beaucoup, en bien et en mal, pour sa notoriété. En 1905, il change encore de costume, assumant l’apparence d’un petit fonctionnaire : chapeau melon, faux col et parapluie, et décide de recommencer tout à zéro, même musicalement. Aussi, il retourne sur les bancs de l’école, alors qu’il est déjà près de la quarantaine, pour étudier le contrepoint. Trois ans plus tard, il obtiendra à la Schola Cantorum son premier diplôme avec mention « Très bien ». Redécouvert au début des années 1910 par Maurice Ravel qui le présente comme le « précurseur » de la nouvelle musique (dans le but inavoué de diminuer le prestige de son rival Debussy), il trouve enfin des éditeurs et des interprètes pour ses oeuvres de jeunesse, mais aussi pour celles d’un tout autre style, humoristique et fantasque qu’il compose à présent. Sommet de cette nouvelle période, le recueil, Sports & Divertissements.
La Grande Guerre interrompt cette époque heureuse, jusqu’à ce jour de 1916 où il est redécouvert par Jean Cocteau qui l’entraîne dans la composition d’un ballet, Parade, avec décors et costumes de Picasso, qui sera donné par les Ballets Russes au Châtelet, suscitant un grand « succès de scandale ».
Malgré les éreintements de la critique bien-pensante, il reçoit le soutien des nouvelles générations. Des musiciens inconnus, mais très prometteurs, se réclameront de son esthétique, formant sous son égide le groupe des Nouveaux Jeunes, le Groupe des Six, l’École d’Arcueil. Satie surprendra cependant encore une fois tout le monde en composant un émouvant « drame symphonique », Socrate, d’après les Dialogues de Platon.
Il composera encore deux ballets retentissants : Mercure, avec Picasso, et Relâche, avec le dadaïste Picabia, ainsi que la première musique de film, basée, non pas sur l’intrigue mais sur le rythme et la fréquence des images, pour Entr’acte de René Clair, avant de s’éteindre, le 1er juillet 1925, à l’âge de 59 ans, après une longue maladie.
Ses amis découvriront après sa mort le taudis où il avait vécu, à leur insu, dans une totale misère sa vie durant, mais où il avait entassé toutefois ses précieux manuscrits, soigneusement calligraphiés et plusieurs milliers de billets énigmatiques décrivant un univers au-delà du miroir dont il n’avait jamais parlé à personne de son vivant.

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