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Elles parlent aux animaux

+ d'infos sur le texte de Gilles Laubert

: Extraits

Denise


Denise installe un poisson rouge dans une petite verrine.


C’est petit hein ? C’est idiot c’est bête une petite verrine comme ça fermée avec juste un trou pour que tu respires ! Pour un poisson comme toi ! Oh !....tu n’es pas bien grand mais sur le coup de l’achat, toute ma poitrine déjà elle bondissait d’amour de contentement ! Alors j’ai quitté le magasin sans même penser à ton logement! J’achèterai, j’achèterai pas peur mon petit pas avoir peur ! Ta Denise elle est pas comme, comme sa soeur elle prendra bien soin de toi, ta Denise !... ça va mieux maintenant que nous voilà qu’on est deux.


(Plus tard)


Elle défait un paquet et en retire un grand aquarium, une grotte décorative.


Un appartement ! Plus grand ! Pour mon Bijou Bisous ! Un aquarioum ! Avec une grotte pour te cacher ! Et des algues pour faire sauvage ! Oui, mon Bijou Bisous c’est comme, comme ça que je me le suis dit : mon petit mari, quand je ne suis pas là, même s’il profite de la lumière, il doit quand même bien tourner en rond à s’ennuyer. Tu vois que tu me fasses une neurasthénie et que je te retrouve le ventre en l’air ? Oh !... mon petit Bijou Bisous ! Elle ferait quoi ta petite Denise à toi, hein ? Tu ne me feras pas ça, non ? Partir ?... le ventre en l’air ?... que ta Denise elle en finirait par se tirer une balle dans ses organes du sexe. Sûr que ma vie sans toi ça ne serait pas la vie. Tu vois mon petit joli, je pourrais plus faire comme, comme avant. Revenir toute seule.




Khadîdja


Ça, tu vois il est joli le costume de la Brunehilde ; celle là que le russe soviétique il voulait toujours que je m’appelle ; c’est juste son costume avant quelle se jette dans le feu
Elle écoute, puis termine de ranger les derniers costumes
Sont calmés ; maintenant le silence ; vont par revenir Inch Allah ; c’est de l’intimidation ; là, voila tout le passé de ma mémoire tout mon travail dans les cartons SOL CH’IO DICA UN’AVE et la voilà morte ; Desdémona ; et c’est fini ; les autres, ils pourront toujours venir ; moi, mon travail, je l’aurais fait ; bonjour bonsoir voilà les costumes tout emballés , reste plus que celui là de la Brunehilde ; on va encore pas se laisser déranger ; cette cheminée faut pas oublier quand même ; c’est quand même vrai qu’on est bien ici ; à l’abri des soubresauts du monde ; après toutes ces trépidations de l’histoire, ça fait du bien d’être dans le chez soi du chacun pour soi ; et je me mêle pas de ce qui me regarde pas ;
Des coups violents sont frappés contre la porte
Allez vous faire foutre ! L’intimidation ce n’est pas comme ça que vous allez me la faire ! Continuez encore un peu, et moi je fous le feu TOUTES LES NUITS, QUI VIVE ! ALERTE ! ASSAUTS ! ATTAQUES ! Vous n’avez qu’à venir vous y frotter ! La Bérézina c’est encore vite que vous allez la passer !
Les coups contre la porte cessent. Silence.
Ce costume de la Brunehilde c’est quand même un beau costume


Elle met le costume de Brunehilde et chante


Ça là, tu vois mon Rouchonnet des Colonies du Soleil, maintenant que tu es sang de mon sang, le mieux c’est que je te la donne ; ta liberté ; faut t’en aller ; à rester avec une comme moi tu gagnerais rien ; la générosité ça, tu vois, ma grand-mère c’est toujours qu’elle le disait «un petit comme toi, peux rien attendre du monde ; alors le mieux c’est de donner sans te retourner».




Carlotta


…oui ma petite Lioubov mon tout à moi je le sais que tu voudrais venir avec moi mais tu ne peux pas ce directeur oh je ne l’aime pas celui-là avec ces grands airs ces façons évaporées mine de rien toujours à vous surveiller ce directeur il n’est pas comme l’ancien nous respectait celui–là le nouveau il ne veut pas que tu paraisses en scène tu le sais ma Liouba à moi il faudra te tenir bien sage je ne serai pas longue trois tours tours Carlotta Carlotto et je te passe passe petits drapeaux rouge autant de tours qu’ils en voudront j’en aurai vite fini une chance encore que je puisse donner dans la prestidigitation si je n’avais eu que le théâtre je me demande bien où nous serions maintenant hein ma Lioubov mais bon prestidigitation où théâtre de répertoire la scène c’est la scène dans deux minutes je suis revenue ma Lioubov tu n’aboieras pas dis ?


(plus tard)


...quel froid oh qu’est-ce qu’il fait froid ma Lioubotchka toi tu t’en moques tu te perd dans mes fourrures tu t’enfonces dans mes manchons vieilles pelisses mangées aux mites mais moi je suis transie l’appartement n’est plus chauffé je devrais payer cette note d’électricité qu’ils disent mais je n’ai jamais payé l’électricité jusqu’à présent je ne m’occupais pas de ce genre de choses dans le bâtiment des Quais des artistes de l’état socialiste nous n’avons jamais rien à payer je suis une artiste oh ma Lioubov le monde est bien dur le théâtre se vide mais nous irons de l’avant le directeur dit qu’il veut me voir dans son bureau hier il m’a encore regardée de haut avec ses façons évaporées il était avec un américain très beau garçon toujour jeune « the show must go on»...

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