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Der Erzähler, notes et enregistrements, voyages dans un monde invérifiable

+ d'infos sur le texte de Eric Vautrin
mise en scène Eric Vautrin

: La demeure

La demeure : le thème principal dont les trois histoires, et le spectacle dans son ensemble, sont des variations.


Être, c'est habiter le monde, c'est-à-dire s'installer dans un territoire que l'on reconnaît comme étant le sien. Ce territoire nous fixe une position dans le vaste univers, position qui servira de référent à nos découvertes, de point de départ à nos expéditions dans le monde. Ce territoire, joyeux, chaleureux, cher à notre esprit, est tant celui de notre " occupation des sols " que celui de notre pensée, qui s'installe dans le réel en choisissant un langage, et un territoire au sein de ce langage, une organisation possible. Celui-ci formalise en effet les limites de notre territoire et les objets qui le peuplent, au milieu duquel notre pensée s'installe, s'organise, habite, se déploie.


Comme en ville, nous connaissons les quartiers de notre pensée, ceux qui nous restent à explorer, ceux dans lesquels il ne vaut mieux pas aller la nuit car nous les savons dangereux, ceux dans lesquels nous aimons flâner, ceux que nous aimons organiser, ranger, ordonner. Ainsi chaque livre est-il une nouvelle carte, chaque idée un chemin... chaque spectacle un nouveau plan.


Heidegger dans " Bâtir, habiter, penser ", Derrida dans " Demeure ", Didi-Huberman dans " La demeure, la souche ", Deleuze et Guattari dans " Mille plateaux ", ou encore de nombreux architectes comme Peter Zumthor (cf. son bâtiment topographie de la terreur à Berlin), ou évidemment Walter Benjamin, ont pu explorer ces rapprochements entre l'être et le territoire, cette demeure.


Ce n'est une métaphore pour moi, mais une manière très concrète de penser la pensée, de dire l'indicible, de rendre visible l'invisible.


C'est de cette réflexion que notre création va naître. C'est ce dont nous allons parler, ce que nous allons montrer, approcher.


Car n'est-ce pas une inquiétude de ces jours-ci que celle de retrouver ce qui nous définit ? Retrouver ce qui nous ordonne, comme individu et comme puissance ? Ce sur quoi nous pouvons nous retrouver (nous admettre, nous sentir vivant, nous identifier, nous distinguer aussi) ? Parce que nous sentons notre réalité de plus en plus étroite, et en même temps le monde comme de plus en plus invérifiable, notre peur et notre solitude s'accroissent. Comment réagir alors que nous nous sentons mouvants, incertains, fluides presque, que rien ne semble pouvoir stabiliser nos personnalités ? Ainsi avec le spectacle ai-je la possibilité d'approcher cette demeure que nous habitons, ce qui reste après tout, cette structure symbolique et fondamentale qui manque de nous échapper. Non pour chercher à la définir, à l'identifier, surtout pas ; pour au contraire la sentir, et lui permettre d'entrer en devenir. Car c'est là l'immense difficulté : accepter d'être sans cesse en devenir. Même une maison, et c'est là où commence mon histoire, est en devenir, est vivante.

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