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Der Erzähler, notes et enregistrements, voyages dans un monde invérifiable

+ d'infos sur le texte de Eric Vautrin
mise en scène Eric Vautrin

: My friends, these instants of paradise

Texte aux acteurs de Der Erzähler, Eric Vautrin, novembre 2001.


M'interroge moins, pour Der Erzähler, voyages dans un monde invérifiable, l'inconnu que la demeure ; ce que je veux dire, c'est que l'invérifiable ne vient que pour marquer, exprimer, noter, enregistrer, le labyrinthe que tend à devenir la réalité. Il est " les hauts et les bas, les tours et les détours " du monde, autant que ceux de nos pensées et de nos imaginaires. Le monde que nous connaissons est, vraisemblablement, invérifiable ; tout se mêle et se lie, faisant se confondre réalité et rêves, mouvements et évènements, nature et imaginaire - en tout cas, je m'y perds, et perds du même coup espoir de le raisonner.
J'entends bien, de raisonner d'où je suis, de marquer le point de ma présence ; d'autres diraient peut-être d'avoir conscience, mais déjà ces différences-là je ne les distingue plus très bien. Je suis bientôt partout et nulle part, à peine conscient de ce qu'implique mes actes, tout juste soucieux de ce que je perçois autour de moi, la lumière d'ici, le goût des murs de là… Et de ces hésitations naît une profonde inquiétude. Comme l'écrit Derrida, impossible maintenant de décider quoique ce soit, mais aussi impossible de rester dans cette permanente inquiétude.
Alors, dans ce labyrinthe qu'est devenu ce qui m'entoure, dans lequel je suis jeté, je voudrais chercher non à dire mon inquiétude - ce qui ne ferait que la déplacer, et puis chacun la connaît déjà trop bien, à sa manière - mais voir ce qui reste de moi. Si je ne puis plus croire à mes sens, si limités dans leur précision et si facilement leurrés par l'industrie ; si je ne puis plus croire à mon imaginaire, si peu distinct d'avec ma vision du monde ; si mes pensées peuvent se renverser et se nier à l'envi ; si le langage n'est qu'une précaire présomption, dont il vaut mieux taire ce qu'il ne peut clairement exprimer ; si je ne veux pas m'appuyer sur les illusions que je me fais de moi-même ou du monde (ne serait-ce que pour ne pas illusionner à mon tour) ; si je m'enlève, disons, ces possibilités ; ces lieux où me reposer, où demeurer, d'où partir ; que reste-t-il ?

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