: Trois questions à Christophe Feutrier
Qu’est-ce qui vous passionne dans l’univers de Ionesco ?
Ionesco propose, avec sa précision dramaturgique, un
monde concret, parfaitement singulier, loin d’être uniquement
mental comme on le croit souvent.
Pour l’exprimer simplement, cette définition résume bien
ma relation, liée par une adhésion forte à son univers : «Le théâtre est, pour moi, la projection du monde du dedans (...) Cela fait partie d’un héritage ancestral, un très ancien dépôt, constituant le domaine de toute l’humanité. C’est par delà leur diversité extérieure, ce qui réunit les hommes et constitue notre profonde communauté, le langage universel.» Ionesco
Comment allez-vous travailler avec les deux comédiens ?
Pièce courte, drôle et catégorique, «Délire à deux» est un
condensé de l’oeuvre de Ionesco. Il s’agit également d’une
de ses pièces les plus profondes sur le couple.
Nous nous en approchons par cercles concentriques, tout
d’abord en lisant les écrits non dramatiques de Ionesco
pour nous guider naturellement dans l’univers de sa pensée
(«Notes et contre notes», «Le journal en miettes», «Non»...)
qui reflètent avec beaucoup de poésie sa vision du monde.
Nous abordons ensuite les premières étapes de travail scénique
avec Philippe Ducou, notre chorégraphe, à partir de situations
amusantes, issues ou suggérées par la pièce ; nous
jouons avec des états de corps qui nous conduisent, petit
à petit, aux actions physiques puis, lorsque notre imaginaire
est suffisamment entraîné, nous nous emparons du texte
par improvisations, sources de découverte des structures de
jeu singulières liées à cette belle comédie et à son langage
unique.
Enfin, le monde extérieur (troisième personnage principal
du spectacle) créé par l’environnement sonore et musical
de Samuel Sighicelli s’immisce dans notre jeu, nous amène
à décliner les possibles les plus fous de la relation (Elle-Lui)
avec le reste du monde (associations d’idées, bruits du
dehors, résonances intérieures).
Quelle est l’oeuvre (film, arts plastiques, livre...) qui vous a récemment marqué et pourquoi ?
Il s’agit d’oeuvres littéraires, issues des quatre coins du
monde, lues ces derniers mois, qui placent l’homme au
centre et en contradiction avec l’univers, dans une lutte
d’égal à égal. Elles ont ce point en commun avec la parole
de Ionesco et pour cela m’ont marqué.
Le beau voyage de Wilfried Thesiger : «Le désert des
déserts», également les oeuvres d’Albert Cossery immense
auteur récemment disparu : «Mendiants et orgueilleux», «Les
fainéants dans la vallée fertile», et puis, le roman de Sabahattin
Ali : «Youssouf le taciturne» et, enfin, un grand récit :
«Le rêve dans le pavillon rouge» de Cao Xueqin...
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