: A propos du texte
Elle et lui sont jeunes . Parents immatures , ils ont confié leur fille de trois ans à la meilleur
amie d’Elle , à la suite d’ une maladie contagieuse contractée par
L’ aînée. L’ amie a épousé un homme riche . Voilà neuf mois que chaque dimanche les parents
tentent de récupérer leur fille et reviennent bredouilles .
En huit tableaux , Denise BONAL écrit une fable implacable et oppressante , habile dosage
de psychologie et de social , sorte de conte mystérieux et cruel . L ‘ écriture simple, serrée ,
mesurée , renforce parfaitement l’ aspect à peine croyable de la situation . La poésie , l’ humour
et l’ amour donnent à ce couple étrange une humanité saisissante . La lucidité de la
soeur aînée , sa maturité, sa sévérité interroge avec acuité et malice le regard porté par l ’
enfant sur nos manquements d’ adultes.
Pourquoi des parents légitimes ne parviennent ils pas à récupérer leurs propre fille ? A cette
question Denise BONAL ne donne pas une réponse mais creuse quelques pistes pertinentes
et met en évidences des vérités troublantes :
- Face à ce couple en manque de confiance , à la situation précaire , à l’ isolement évident , il y a Marie l’ amie d’ enfance et son mari architecte .A eux tout semble réussir et devant le parc , la grande maison bourgeoise , les salons majestueux , les pâtisseries dominicales , les cours de violon , les voyages à l’ étrangers , tout est arrêt , empêchements , humiliations , tout est fait pour ravaler sa salive , pour accepter l’ inacceptable devant cet ordre du monde dont l’ apparence est si parfaite ! Peut - on être paralysé par trop de gentillesse ? Par l’arrogance , l’ abondance , l’ assurance du bon droit , la courtoisie de la bourgeoisie ?
- Et si au lieu d’ un rapt , il s’agissait d’ un abandon ? Une incapacité à entrer de plein pied dans le monde adulte , à devenir parents , à s’ affranchir de ses peurs pour rassurer , à calmer sa faim pour nourrir , à apprendre à dire pour transmettre ! A la lecture de la pièce on perçoit les difficultés de ce couple : elle dans ces manques , sa fragilité , ses évanouissements . Lui , dans ses excès et ses silences .Alors , peut - être quand la vie prend des allures de naufrage , quand l’ amour trébuche sur les valises du passé , il y a la tentation de « confier » les enfants à d’ autres qui semblent mieux armés !
Denise BONAL , observe cette famille avec beaucoup de tendresse mais sans pathos . Elle nous parle avec beaucoup d’ intelligence de la question familiale, du lien parental ,de la place de l’ enfant , de l’ impact social .Elle aborde avec beaucoup de retenue, la dépression , le mal-être .La poésie de l’ écriture , les silences , l’ humour donnent à ce texte une force étrange et dérangeante , qui réveille nos mémoires intimes !
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