« Comme pour tous mes autres spectacles (Petites Fables, Dégage, petit !, Troubles…), l’écriture ne précède pas le travail de plateau. Il n’est pas aisé, au moment de se mettre en création, de se faire une idée précise de ce qui va se dégager des répétitions et des rêveries qui en découleront. Je ne pars pas d’un texte écrit, d’un auteur mais d’envies, d’images, d’intuitions, de flashs, de mots, de couleurs, d’états intérieurs, de colère et d’amour. Pour garder une entière liberté artistique, il me faut aller là où les choses me poussent ou me tirent au fil des jours.
Entre chaque étape, je travaille en solitaire dans mon atelier pour faire le tri.

Première étape - avant les répétions
Au départ, l’écriture se fait dans un cahier sous forme de collages de notes, d’idées, d'envies,d’images, de textes, de choix musicaux, de réflexions…. Les objets, glanés au cours des tournées et des rencontres, commencent à s’accumuler dans l’atelier.

Deuxième étape
Nous mettons la matière en vrac sur le plateau. Les objets de part et d’autre, visibles. Les musiques prêtes à être écoutées. Le travail d’improvisation peut commencer. Faire entrer les objets sur scène et jouer avec eux. Parler et dérouler le langage. Bouger. De fil en aiguille, la matière s’accumule.
Sabine Durand (dramaturge) regarde mon travail de plateau, repère les moments émotionnellement et théâtralement forts, qui sont alors retravaillés plus en profondeur. La dramaturgie s’installe. Toutes ces propositions sont filmées et, forte de ce travail, j’écris ensuite ce qui s’annonce comme une première ébauche.

Troisième étape - sous forme d'ateliers de 3 jours
Nous travaillons avec des intervenants"extérieurs" sur des aspects particuliers de la création ; en l'occurrence, pour Conversation avec un jeune homme, Neville Tranter m'a accompagnée pour le travail de manipulation et Nicole Mossoux pour le mouvement (voir les collaborations artistiques p.8-9). Puis, retour au travail solitaire, ponctué de visites (Sabine Durand, Guillaume Istace ou Françoise Colpé) dans mon atelier.

Quatrième étape
Le squelette du spectacle commence à s’installer. Sur le plateau, le travail de répétition consiste maintenant à pousser les ébauches nourries de la recherche avec les intervenants. »