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Comment aimer

mise en scène Eric Vautrin

: Note d’intention

Comment aimer (1/ chez elle)


première partie du projet
La création “Comment aimer”, prévue pour 2004-05, rassemblera le texte “how to love” à d’autres textes de la poète américaine Stacy Doris extraits de son recueil inédit en français “Paramour”, dans une dramaturgie établie en collaboration avec l’auteur. Comment aimer (1/ chez elle) est une “petite forme”, première phase de ce projet autour de Stacy Doris. Cette première phase a pour objectif de constituer l’équipe de la création, d’adapter de nos méthodes de travail à ces textes et de commencer notre collaboration avec Stacy Doris. Elle sera présente à Lyon en mars 004, lors de la reprise de “Comment aimer (1/ chez elle)” à l’occasion du Printemps des Poètes; les répétitions ensemble seront doublées d’un programme d’interventions et de performances (Centre d’études poétiques de l’ENS, rencontres en librairie, workshops et ateliers...).


une chambre
“Comment aimer (1/ chez elle)” se déroule dans un lieu à l’extérieur du théâtre, dans une chambre, d’appartement ou d’hotel. Quelques spectateurs se rassemblent entre le lit et la fenêtre, autour d’une femme qui va révéler son imaginaire et les mouvements internes de sa pensée. Elle va croiser un homme, tantôt époux tantôt passant, son homme ou tous-les-hommes-en-un; elle sera entourée des témoins anonymes, deux jumeaux étranges et silencieux, pures figures de son intériorité ou de son intimité.


récit
Il y a comme une trame narrative qui organise le texte de Stacy Doris. Mais ce récit excède tout temps et tout espace, ce n’est pas une histoire; ou c’est une histoire du point de vue de la mémoire et des souvenirs: tour à tour saugrenue et obscure, excitée et lente. Une histoire tissée par des rythmes et des images pures, surgies d’un magma fait de monde réel et de fantasmes, de joies et d’humour, d’éléments tout à fait extérieurs et impersonnels, de clichés et des ressorts d’une intimité à l’aventure.


espace mental
Cette chambre va devenir l’espace mental de cette femme, un cerveau à ciel ouvert; comme si la réalité avait fait un bond sur place, s’était décalée d’un cheveu mais que cet écart infime avait fait apparaître des différentiels qui la constituent et le reconstituent à chaque seconde, et nous faisait pénétrer dans un espace où actualité et virtualité se confondent. Où la distinction entre commun et intime n’a plus de sens. Le monde contemporain appelle ce type de temps, fait de perceptions et de dénotations simultanées; mythes, jeux, babioles et choix politiques se confondent et s’allient dans les récepteurs à perception multiple en temps réel que nous sommes. Nous savons décoder un nombre à présent infinis de canaux; il reste au théâtre à s’approprier ces fantastiques possibilités de nos esprits, aussi bien pour être à la hauteur du réel que pour rendre la communauté à même de se tenir devant son propre réel (le processus de symbolisation que toute représentation engage doit à présent s’attacher à ces constituants immatéreils de nos réalités, vitesse et simultanéïté).
Et le désir amoureux n’est pas un mauvais exemple alors. Il allie vitesse et production, alliance avec le plus présent et pure réaction. Les moments que vont tranverser cette femme sont autant de forme et de vitesse du devenir à inventer, états paroxistiques et exemplaires des vertiges modernes. En d’autres termes, il va s’agir d’écouter voler le désir.
Il faut en finir avec ces visages tristes ou faussement impliqués des scènes modernes; le théâtre doit opposer au réel, au social, espaces des représentations, des images pures, alogiques et asymptotiques, faites de pure vitesse comme des épiphanies, ou des débordements, de pensée. Ainsi le problème ne doit pas être: qu’est-ce qui est dit dans ce qui est vu, mais quel regard nait, apparait, se transforme, devant ce qui est vu. L’instant de la représentation doit interroger le lieu de ces débordements, lieu de la naissance des idées, plutôt que les espaces clos des idées exposées. Cela appelle des oeuvres contenants leur logique propre, à même d’entretenir elles mêmes les différentiels, les vitesses ou les tensions qu’elles génèrent. Ainsi la femme de Comment aimer, dont on ne sait rien, dont on n’apprendra rien d’autre que ce qui la caractérise au moment de sa présence à nous, qu’elle aime.
comment aimer est une question de théâtre. l’utilisation des esthétiques variées que propose le texte, traduites par des esthétiques variées de théâtre (à l’image du film 29palms de Dumont), fait du théâtre le thème principal du spectacle: que peut le théâtre devant l’amour? que peuvent l’amour et le désir pour le théâtre? quel désir peut le théâtre?


Stein, Bourgeois, Sherman
Trois artistes américaines inspirent notre travail; Gertrude Stein, Louise Bourgeois et Cindy Sherman (et la chanteuse pop April March). On retrouve chez elles comme chez Stacy Doris ce même mélange délicat de biographie et jeu avec la forme, de féminité comme thème et comme lieu, et d’humour. Pures fictions, leurs oeuvres apparaissent dans l’écart scandaleux et tragique qui sépare et lie la vie et l’objet; donner la vie et expérimenter la distance vis à vis du monde; Mettre en jeu soi pour créer un autre absolument distant et séparé. Le plus intime devient le plus ironique ou le plus drôle, quand le plus étranger devient la marque du monde en soi. Elles ont chacune fait appel à l’humour, que Deleuze définissait dans l’amor fati comme la friction entre l’objet et sa représentation; elles rassemblent ainsi en un même point, singulièrement détaché, humour et tragédie, pour y placer le devenir de leurs propres oeuvres.

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